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mercredi 24 août 2011

Nada mas.



Nada mas.

AU Mexique, On emploie "nada mas" à toutes les sauces, dans toutes les phrases.

"Rien de plus".

Attention, çà n'a rien à voir avec "mas que nada" ("mieux que rien"). 
Trop brésilien.
Non, les mexicains sont des gens tranquilles.
Ils  ne disent rien de plus que "nada mas".

"Nada mas", ce n'est pas non plus comme " se pasa nada" ("il ne se passe rien").
-"Se pasa nada", phrase qu'un conducteur de petite barque qui longeait une lagune du Pacifique, en  plein coeur du mois d'Août, barque chargée de 17 passagers et de moi-même, barque menaçant de couler, et conducteur nous répétant avec un grand sourire serein et blanc: 
- "Se pasa nada, todo bien, gué!" (IL ne se passe rien, tout va bien mec").  

Le mexicain n'a pas un tempérament de  nerveux (sauf lorsqu'il assiste à un match de "Lucha Libre", le catch local qui se joue avec une cagoule à paillettes.)
Le Mexique m'a sidérée et plu.
En fait, pour être plus précise, ce long été, ces vacances oh combien méritées, cet été entier, de voyages dans tous les sens a été, de l'Europe de l'est à la pointe ouest de l'Amérique latine, de Lamotte Beuvron à Paris 15ème, cet été a été riche, surprenant, et, oooh, plaisant est un euphémisme.

Nada mas.

J'ai fait un grand tour du coté sauvage, j'étais passagère et de passage partout.
J'ai prononcé  et entendu des phrases que je n'aurai jamais cru m'entendre dire, comme par exemple:

- Cool, il y a du sel. Ouaiiiis, il y a du sel au dîner, c'est chanmé!!!

Mais aussi:

- Attends, je vomis par-dessus mon guidon de vélo et je te suis, t'inquiète. 

Ou encore:

- Les toilettes se trouvent entre la chèvre et le palmier.

Ou enfin:

- Je  ne m'épile pas dans le but de véhiculer une image conforme aux clichés sur la française à l'étranger. 

Je me suis retrouvée à traduire les propos condescendants d'une hôtesse de l'air américaine à un homme mexicain, dans un coucou qui se faisait secouer dans les airs entre Houston et Mexico.
On m'a servi une bière dans une taverne à Prague (sans que je la commande, mais c'était l'usage: bière ou bière) dans laquelle le tôlier portait un tablier de cuir d'une épaisseur de 10 cm environ.
A Berlin, j'ai lu les lignes de la main à un barman excentrique pendant que mes camarades fêtaient les 33 ans de Bédi chérie en buvant de l'absinthe. A 7h du matin.
Je me suis coupé les cheveux à Puerto Escondido avec mes ciseaux de couteau suisse: je voulais ressembler à Uma Pulp Fiction Thurman, j'ai plutôt terminé en Moogli...
A certains moments, les tempêtes électriques dans le ciel de Guanajuato nous faisaient penser que Dieu avait peut-être gommé le ciel, comme barbé par sa création.
Et puis le coucher de soleil sur la petite plage de Chacawa a bien failli me faire croire que finalement Dieu avait décidé de jouer au pyromane aérien.
J'ai pris un train entre l'Allemagne et la république tchèque nommé Phoenix.
J'ai changé d'opinion sur les australiens (quand ils ont de la crème à la cortisone et qu'une camarade fait une allergie mystérieuses, l'australien peut en fait s'avérer tout à fait avenant).
J'ai rencontré mon parrain dont le prénom signifie "printemps" en japonais. Il est contraint de surveiller son alimentation en raison d'un léger diabète, mais il sait préparer un des meilleurs mojitos, qu'on a dégusté ensemble, devant un match de foot opposant la Colombie au Mexique; le Mexique a gagné, assurément. Mon parrain possède aussi une Porsche, qu'il ne sort que de temps en temps et dans laquelle il m'a emmenée au zoo. 
Mon parrain est un homme qui sait vivre bien.
J'ai aussi découvert qu'il existait une taxe propre aux aéroports mexicains adressées au personnes qui voyagent avec une guitare électrique. Fort heureusement, je n'ai pas dû m'en affranchir parce que mon petit camarade a eu le bon goût de m'offrir une petite guitare acoustique pour mon anniversaire. Ne me reste qu'à apprendre à en jouer.

Rien de plus, nada mas, donc, qu'une succession riche de bons moments improbables, de cools rencontres, de longs instants biens. 

La vie, en somme.

Nada mas.

Tout ce que je souhaite, en cette rentrée, c'est donc que la vie suive son merveilleux cours, comme elle l'a fait tout cet été.

Rien de plus...