Riche mécène, lecteur inspiré, tu peux t'offrir la joie de me faire un don.

mercredi 22 août 2012

Psychotomaton






Vous ne serez plus jamais belle sur un Psychotomaton:

Prière d'ouvrir grands vos yeux pour qu'on voit bien le fond de votre âme,
Prière de dégager votre front parce qu'on aime bien les consignes arbitraires - la photo de droite n'est pas homologuée, on ne voit pas les lignes qui traversent votre front et nous prouvant que vous êtes humaine,
Prière de glisser en une minute trente et en pièces de 20 cents la somme de 20€, cet appareil ne rend pas la monnaie,
Prière de dégager vos oreilles pour prouver que vous n'êtes pas Van Gogh et que vous ne vous les êtes pas sectionnées,
Prière de fermer la bouche parce que vous risqueriez de puer de la gueule même sur une photo,
Prière d'ôter vos lunettes, avant on les autorisait, mais çà c'était avant,
Si vous êtes un bébé, prière de vous assoir seul dans la cabine blanche et pas du tout anxiogène du Psychotomaton, et de respecter les consignes ci-dessus et ci-dessous, quand bien même vous ne les comprendriez pas, si vous ne les comprenez pas, vous représentez un potentiel danger pour la société,
Prière de NE PAS sourire,
Prière de cesser de respirer,
Prière de contracter votre anus après avoir vidé votre estomac par voie naturelle en passant dans les toilettes prévues à cet effet et attenantes à cette cabine de Psychotomaton,
Prière de ne penser à RIEN
Prière de faire cette identique tête de sociopathe à chaque fois que vous traverserez une frontière pour les dix années à venir, sans pour autant avoir l'air de transporter des bombes dans votre anus contracté, de la drogue dans votre estomac noué, des idées politiques dangereuses dans votre cerveau vide.
Lorsque vous serez prête pour prendre votre Psychotomaton, appuyez sur le bouton vert.

Votre photo n'est pas valide, vous me faites peur alors que je ne suis qu'une machine à tirer le portrait, merci de renouveler l'opération une ultime fois avant que je ne vous dénonce aux services des passeports et vous en interdisse l'usage jusqu'à la fin des temps.

vendredi 17 août 2012

Tous ces trucs que j'ai vécus avant mes 30 ans (article long...)



"La première gorgée de bière" de Philippe Delerm, les "petits plaisirs" d'Amélie Poulain, "Le sel de la vie" de Françoise Héritier...
Toutes ces listes de petits et grands kifs de la vie.
Je viens d'avoir 30 ans et j'ai décidé de dresser celle-ci, peut être pour me rassurer et me dire que j'ai bel et bien vécu ma vie, pour trouver de l'inspiration pour les 30 prochaines à venir, pour méditer tous ces instants qui se succèdent, fugacement, et qui font une vie qui passe, comme ça, en un rien de temps.
Pour ne pas oublier que le bonheur c'est maintenant.
Ou tout simplement parce que.

Relever la moustiquaire et laisser entrer une coccinelle en pensant aux bêtes à bon dieu et se demander sans en avoir la réponse, mais comme ça, juste pour laisser courir l'imagination, pour quelle espèce de raison on les appelle comme ça, , fumer une clope en cachette en écoutant Caruso pleurer furtivement, regarder une étoile brillante en se demandant si ce n'est pas un satellite, boire un pastis , ne pas oser descendre l'escalier sombre parce qu'on a peur des éventuels fantômes, découvrir un jardin caché au hasard d'une porte cochère dérobée, bouffer pendant des heures interminables et débattre en disant n'importe quoi avec ceux qu'on aime, réaliser qu'on descend de siècles et de siècles de gens qui ont ressenti ce que l'on ressent et savoir que tout ce processus se perpétue, attendre patiemment dans les gares ou les aéroports que les minutes  immobiles s'égrènent, tomber sur une photo de son grand-oncle aviateur, repenser à un baiser volé sur un toit, se souvenir de quelqu'un qu'on avait oublié et constater ébahie que cette personne poursuit sa toute autre vie, déchiffrer les graffitis, espérer qu'on retombera amoureuse, mais qu'en attendant on est bien avec soi, fêter son anniversaire en soufflant les bougies d'un gâteau qu'on vous a préparé en secret, faire rire un bébé, passer de la crème sur son corps après une bonne douche, prendre un coup de soleil, écouter "Let's get it on" de Marvin Gaye, trainer dans la chambre d'une bonne copine, pouffer avec elle en se parlant de nos aventures, s'assoir sur le trottoir à la nuit tombée, une bière à la main et refaire le monde, se faire épiler le maillot (aie, pas trop échancré s'il vous plaît), se faire fouetter par les vagues d'une mer taquine qui chahute votre petit corps, lutter contre le sommeil, perdre de la batterie et tout recharger, papoter, finir la vaisselle, écouter les grillons qui bercent la Cabro, savourer une tomate mozza basilic à midi au soleil, être seule contre la fenêtre dans le TGV et regarder le temps qui passe devant les paysages qui défilent, prêter son téléphone à une inconnue reconnaissante, regarder la valse de la vie des fourmis, souffler des bougies inattendues, tomber d'accord, argumenter, savoir qu'on ne sait pas et qu'on ne fait qu'imaginer, constater qu'il est 23:23, attendre, le cœur battant, le bruit de la voiture tant attendue et l'entendre enfin, se faufiler sur la pointe des pieds, être jolie, ce jour-la, dans les yeux d'un parfait inconnu, entendre le petit vent souffler dans les branches, sentir le soleil sur sa peau, contempler une bibliothèque pleine de Pléiade, boire un grand café et y ajouter la dose parfaite de lait, la dose parfaite de sucre, râler contre eux, ce qu'ils ont fait encore, non mais quels cons, sentir la fleur d'oranger, entendre et reconnaître au loin et avec surprise une voix familière, Écouter "Ich bin der weit abhanden gekommen" de Malher, et perdre, en effet, la trace du monde, entendre un jeune enfant pousser de petits cris sans savoir s'il doit pleurer ou rire au contact de l'eau fraîche d'une piscine, achever un long roman, regarder scintiller des paillettes que l'on a sur la peau, s'imaginer qu'on chante dans un fameux groupe de rock très fort, sentir le vent, la douce petite brise caresser sa peau tel un baiser, prendre un coup de soleil, donner un coup de poing de toutes ses forces en plein dans le visage d'un con, courir dans la neige après s'être fait prendre la main dans le frigo d'un bar en train de voler des bouteilles de vodka, puis aller planquer ce précieux butin dans la neige, courir main dans la main avec un jeune flirt pendant un blizzard new-yorkais, sentir sur sa peau les gouttes chaudes d'une mini-mousson à Ubud, Bali, apprendre la guitare sur une lagune mexicaine paumée nommée Chacaua, boire le temps, picoler jusqu'à ce qu'on en oublie ce qu'on a fait la veille et constater sur des photos qu'on s'est finalement bien tenue, régler l'addition d'un restaurant pour 20, faire un pole dance autour d'une barre de métro devant l'oeil incrédule des passagers, chanter très fort et très faux au karaoke, lire les lignes de la main de Pete Doherty, marier une amie, attendre le résultat d'un test de grossesse, se délecter de l'acidité incongrue des Frizzy Patzy, pleurer sur le port de Donostia dans une nouvelle robe blanche un jour de pluie, rattraper de justesse une amie qui menace de se jeter dans le vide parce qu'elle dit souffrir du vertige des chevaux, consoler un bébé qui pleure seulement en lui parlant et en lui disant un peu les secrets du monde, chanter fort et faux devant un miroir, faire marrer une sale entière avec un sketch qu'on a écrit, fumer un cigare en buvant un whisky, faire du secourisme, croire qu'une victime est morte et qu'elle ressuscite sous vos yeux, se baigner nue dans le   Pacifique, s'entraîner des heures au moonwalk et finir par y parvenir, présenter l'horoscope devant un million d'auditeurs sur l'émission matinale de la radio musicale la plus écoutée de France, aller boire un verre au bar du Crillon, pleurer dans un taxi et lui raconter tous ses petits malheurs, voler une bouteille de champagne dans les backstages d'un défilé de la fashionweek, squatter le parc de l'hôpital Saint Louis en mangeant un sandwich chinois, courir dans les rues après une addition basket, savoir du fond du cœur qu'on est qu'un passager, regarder la trace de son pied mouillé s'évaporer sur une dalle ensoleillée, humer avec tous ses sens les vitrines à tapas des bars de San Sabastian, flâner le long de la place Hemingway en changeant de terrasse en même temps que le soleil, parler parfaitement une langue, et de manière aléatoire d'autres, tout en se débrouillant pour se faire comprendre grâce au langage du corps, sucer un glaçon puis le croquer, élaborer une recette au hasard, la réussir ou la rater, peu importe, boire une gorgée d'eau pétillante après avoir eu très soif, se faire masser par une dame qui a vécu la vie, résoudre le Sudoku de Mickey Jeux, se faire battre au Uno par un enfant de 7 ans et dire des gros mots devant lui, scotcher une bande de scotch sur le dos d'un chat pour le regarder marcher bizarrement, regarder les Canadairs au travail, se mordre la langue au passage d'une guêpe et qu'elle parte (ah, tu vois? Ça marche!), mélanger de la truite, du Philadelphia, du citron, de l'huile et de l'avocat dans une salade et la savourer sur son balcon, couper de la lavande, faire l'amour dans une œuvre d'art de Kusama, couper soi-même ses cheveux, mettre du rouge à lèvres et être complètement habillée tout à coup, aller seule au théâtre pendant le festival d'Avignon, traduire une interview de John Turturo, Alanisse Morissette, Madonna... Constater que Lenny Kravitz a besoin d'une bonne séance de maquillage avant une interview radio (vraiment?), mais qu'il reste diablement sexy (vraiment!), couper les ponts avec quelqu'un, les reconstruire, faire une car-corrida le long du canal saint Martin, une roof party d'Halloween à New York, manger le meilleur sandwich à la viande salée du monde à Brick Lane, lire les cartes à une amie en lui conseillant de reprendre la pilule et avoir raison, vomir dans sa main après avoir bu du champagne trop chaud à Pigalle, passer des bas-fonds à la haute société en battement de cils, arrivée déguisée en chat au "Pied de Cochon" aux Halles à 3 heures du matin  après une dispute avec son amoureux et demander à ce qu'on appelle un taxi qui vous emmènera chez votre ex, se retrouver au milieu d'hommes et de femmes complètement nus à Berlin dans un sauna sans qu'il y ait la moindre ambiguïté parce que la-bas le nudisme est un acte politique (l'une des seules choses que les nazis n'ont pas réussi à interdire), prévoir d'aller à ikea le 2 septembre prochain, être acclamée par 300 personnes, faire pipi dans sa culotte, embrasser une douce peau, être déçue parce que la pub de Rice Krispies a menti, les 3 petits lutins ne sont pas sortis du bol de céréales, monter sur le toit d'une voiture, les cheveux aux vent, qui fonce sur des petites routes corses, se retrouver pieds nus à Barcelone parce qu'on a craqué ses tongs, faire un strip-tease sur le bar d'une bodega illicite pendant les ferias d'Arles, boire un Coca Cola pour la première fois, quand ça fait pschiiit et que ça pique le nez, sentir qu'en un battement de cœur, pour un battement de cœur tout une vie peut basculer, avoir une épiphanie dans un escalier en tenant son courrier habituel et juste à cause d'un rayon de soleil qui traverse la vitre, réaliser que le bonheur c'est maintenant et puis se faire tatouer cette phrase par une froide après-midi de novembre, boire trop, faire de stupides confidences, répéter un secret inavouable aux mauvaises personnes et assumer tout cela, aller au bal des pompiers de la caserne Saint Sulpice et regarder la foule endimanchée, lire les mémoires de son grand-père, résistant, prisonnier de camp, médecin de De Gaulle, sentir son sang couler dans ses veines, être vaine et acheter un bras une paire de chaussures qui ne seront portées que 3 fois, voler dans les magasins, faire un manège sous la pluie, réaliser que la seule peur que l'on a c'est que la vie ne nous apprenne rien, dresser Rodéo le rottweiller croisé berger de 50 kilos et qu'il obéisse au doigt et à l'oeil, avoir une belle-mère corse farouche mais qui finit par s'enticher de vous, courir le plus vite possible, droit devant, s'époumoner et entendre l'écho nous répondre, entendre une moto monter à 290km/h, avoir peur pour sa vie, regarder Husain Bolt gagner une course, se rappeler par cœur d'une tirade d'"On ne badine pas avec l'amour" de Musset, flâner devant les étals au marché, plaisanter avec les commerçants, déguster leurs produits du terroir, lire et relire les phrases oniriques des romans d'Haruki Murakami, imaginer un tatouage qu'on voudrait se faire sur le corps, se perdre de vertige dans les peintures de William Turner, se demander ce qu'on ferait si c'était le dernier jour de la Terre et des Humains, enfiler une nouvelle robe, acheter de stupides magazines en été juste à cause du tee-shirt offert dedans, regarder avec attention l'étal du poissonnier,  conduire de manière intrépide une fois que la peur est passée, mettre du Weleda relaxant à la lavande dans son bain, prendre une photo avec ses copines, aller au bal du 15 août en province, projeter une journée à la plage avec des gens qu'on aime, s'entendre répondre "merci" parce qu'on vient de dire à une petite Lucie qu'on est enchantée de la rencontrer, avoir une copine qui s'appelle Violette et qui roule ses clopes, entendre Anthony Hopkins dire dans "360" que la prière la plus courte c'est "fuck it" et rire en se disant qu'il a tellement raison, se vernir de violet les ongles des pieds lorsqu'ils sont bronzés, sentir au milieu de la foule, le regard d'un bébé rieur, regarder une crêpe cuire sur la plaque de la caravane d'une femme aux bras qui ont travaillé toute leur vie, faire l'appoint pile poil au centime près, savoir que le serveur ou bien que le médecin suit notre cas de près, regarder un hotdog se faire sous tes yeux a Manhattan, admirer un vendeur de Taco à Huaxaca t'executer son tour de magie culinaire sur le pouce pour une poignée de pesos, regarder une femme enceinte engloutir une gaufre à la chantilly, se faufiler finement entre deux tables et soutenir les regards jaloux des femmes plus âgées, et les regards concupiscents de leurs époux, danser debout sur un bar devant une foule enivrée et rigolarde, prendre un bain de minuit, boire de "l'eau qui pique", récupérer trop de monnaie au distributeur à boisson, savoir que jeunesse passe et en profiter, tout donner à la vie éphémère, saisir la fugacité des instants et les mettre dans des petites boîtes dans son cœur et dans sa tête, pour plus tard, écrire une carte postale, faire des blagues dans la salle d'attente des urgences et se marrer comme une baleine, regarder le sourire énigmatique de la Joconde, trainer dans la salle des icônes du Metropolitan, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, se perdre dans les petites allées chaotiques d'un cimetière anglais, tartiner de beurre salé une biscotte qui ne se casse pas,  passer entre ses dents du fil dentaire et en retirer une miette gênante, éternuer, entendre enfin appeler son nom après une longue attente, lire Pennac parler de "merveilleuse défaite" pour qualifier sa branlette dans son "Journal d'un corps", faire les cinq tibétains sur la pelouse au bord d'une piscine ensoleillée, aller à Trinquetaille, à Tribeca, à Roquette, à Mitte, à Muztec, a Gili Trawangan, a la cité universitaire de Nankin, à Primrose Hill, à Las Ramblas, à Lumio, aux jardins Majorelle, écouter le silence d'une église au soleil, se parler seul à soi-même, pour soi-même, en soi-même, observer le ressac de l'eau osciller entre suspension et précipitation , saisir l'éternité dans une seconde, apprendre la maladie probablement incurable d'un proche et continuer à faire de stupides blagues avec lui en se tordant de rire, réaliser à ce moment-la qu'il vaut mieux peut être bouddhiste, qu'on vit et qu'on meure et qu'il vaut mieux bien s'amuser en attendant, qu'il ne faut pas trop prendre la vie au sérieux puisque de toutes façons on n'en sort jamais vivant, boire un soda frais à la paille, faire des tests médicaux et en attendre nerveusement les résultats, apprendre que ces derniers sont tout à fait corrects, se dire oh, mais j'ai une tête, deux bras, deux jambes, je peux aller ou je veux librement, je vais bien, j'irai toujours bien car je suis avec moi, savoir et ne plus en douter que le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant , le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant.
Le.
Bonheur.
C'est.
Maintenant.