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lundi 12 novembre 2012

L'économie expliquée à un enfant de 5 ans.



Il était une fois, il y a bien longtemps, un monsieur appelé Adam Smith.
Adam était un curieux monsieur qui croyait en une chose étonnante qui s'appelait la Main Invisible.
Cette main était supposée faire que les marchés se régulaient tous seuls.
Par une rencontre un peu mystérieuse entre la demande et l'offre, les prix se rencontraient sur le marché et puis "pouf", selon Adam, tout marchait tout seul...
Et puis le temps passa.
Des gens qu'on appelle les libéraux et aussi les hygiénistes, ont proclamé quelque chose qu'on surnomme l'Etat Providence.
C'était des gens bizarres les libéraux.
Les libéraux étaient copains avec les hygiénistes.
Ils disaient, tous ces gens-là, que le principe de partage et de charité doit seulement être avec les plus pauvres, mais que sinon il n'y a pas vraiment d'entraide.
Ceux qui par exemple avaient le plus de bonbons, ils les gardaient pour eux, et ils grossissaient, ils grossissaient, en se gavant de leurs bonbons, pendant que les ouvriers se tuaient à la tâche pour fabriquer leurs bonbons.
Les ouvriers gagnaient très peu de bonbons.
Pendant ce temps-là, les hygiénistes disaient qu'il fallait beaucoup se laver les mains et puis ne pas jouer avec la terre parce que çà salit les mains et çà donne des maladies.
Moi je trouve çà très intéressant de jouer avec la terre, çà permet de comprendre le monde et puis l'univers.
Et puis, c'est plus sympa de partager ses bonbons,  on passe un agréable moment, ensemble, comme çà.
Ca sert à quoi d'avoir pleins de bonbons si on est seul?
Et puis qu'est ce qu'on fait de tous ces bonbons à part produire plus de bonbons?
Au bout d'un moment on a une indigestion...
Alors, un beau jour, un monsieur qu'on appelle Karl MArx a dit:
"Stop! C'est injuste que ceux qui aident à fabriquer les bonbons n'en voient quasiment pas la couleur."
Quelques pays l'ont écouté, mais le problème c'est que rapidement cette histoire de partage de bonbons a créé beaucoup de disputes et même des guerres.
Mais c'est là que John Keynes est arrivé.
Lui, il a dit:
"Allons, les copains, il faut que quelqu'un arbitre tout cela, vous voyez bien que tous seuls on n'y arrive pas"
Un peu comme à la maison, s'il n'y a pas d'adulte, les jeunes enfants tous seuls ont tendance à faire des bêtises, parce qu'ils ont peur, c'est normal, çà fait peur d'être tout seul...
Keynes a dit:
"Hey, je propose que tout le monde donne un peu de ses bonbons à tout le monde, on partage tous, et le chef, ce sera l'Etat Social".
L'Etat Social, çà c'était une chouette idée, et çà marchait plutôt bien, parce qu'au coeur de l'une des crises les plus sombres du XXème siècle, çà a permis de remettre de l'ordre et même un peu de paix sociale.
La paix sociale, c'est quand on essaie de bien s'entendre tous.
C'est très compliqué à mettre en place, la paix sociale, parce qu'on a toujours des raisons de se disputer.
On est tous très différents alors c'est sûr que discuter à tous, ce n'est pas facile...
Donc çà marchait comme çà, l'Etat Social reposait sur 4 piliers:
- la protection sociale: çà signifie que quand on se fait un bobo, l'Etat est là pour te guérir.
Mais pas seulement, il aide les papis et les mamies, qui ont longtemps travaillé, il aide les personnes qui recherchent du travail, et on le finance en donnant de l'argent (ou des bonbons, comme vous préférez) à la fin de chaque mois.
- le droit du travail: ce sont les règles pour dire aux patrons qu'ils sont obligés de donner un certain nombre de bonbons aux employés, à tous les employés, qu'ils soient des hommes ou bien des femmes (sinon les papas gagnent plus que les mamans et çà c'est injuste, non mais!) .
- les politiques sociales: c'est par exemple quand l'état dit à tout le monde de donner un petit peu plus de bonbons pour que tout le monde mange à sa faim..
- les services publics: çà, ce sont les écoles, les crèches, les trains, tous ces trucs qui vous permettent de vivre la vie de tous les jours...
Depuis les années 80, le problème, c'est que les idées d"Adam Smith et de ses copains sont revenues à la mode, allez savoir pourquoi.
Probablement parce qu'un ancien cowboy, Ronald Reagan, est devenu président en Amérique...
Il a donc décrété que  le libéralisme reviendrait en force.
Le libéralisme consiste:
- à libéraliser les marchés et la finance (çà, c'est quand il n'y a plus de règles, la Main Invisible refait surface, ce qui fait peur à tout le monde, rappelez-vous),
- à baisser le coût du travail (moins de bonbons pour tous, sauf pour ceux qui en ont plein, parce qu'ils en ont plein...),
- à mener une contre-révolution fiscale (çà çà signifie que ceux qui ont plein de bonbons ont le droit d'en garder encore plus, parce qu'ils ont le mérite d'avoir gagné des bonbons)
- à prôner l'austérité salariale (çà, c'est pour les employés qui fabriquent les bonbons, il ne fait pas trop leur en donner parce que sinon l'état dépense trop de bonbons et les libéraux n'aiment pas trop partager)...
Voilà.
Heureusement, l'Etat Social existe encore, mais le libéralisme l'attaque beaucoup beaucoup.
Tout cela ne vous paraît pas très logique.
Beaucoup d'adultes ne comprennent pas non plus...
Espérons qu'un beau jour, quelqu'un se réveillera et se dira que John Keynes était un chouette type...

Merci à Christophe Ramaux et à ses trois ans de cours d'économie à l'IRTS Montrouge, appliqué aux travailleurs sociaux...


samedi 10 novembre 2012

Les dérègles de l'art



2006.
Mon amoureux de l'époque a pour père le curateur du château d'Oiron.
Dans lequel est exposé une installation de Kusama.
Un cube un peu comme un container de peut être 8 mètres cubes.
L'artiste a apposé des miroirs au parois.
Le plafond et le sol sont bâchés de noir.
Des lumières de couleurs sont suspendus un peu partout.
Au sol, de l'eau.
Il m'embrasse.
Nous sommes seuls.
Il ferme la porte.
Le reste nous regarde.
Enfin , nous croyons.
Lorsque nous quittons les lieux, nous réalisions qu'une caméra de surveillance -dont l'écran de contrôle se trouve dans le bureau de beau-papa- nous scrutait.
Je ne saurai jamais si quelqu'un regardait l'écran.
Pour le reste, c'est entre Kusama et nous.

2012.
Je taf au 104 et mes collègues et moi, on s'entend plutôt très bien.
Elles m'ont fait la surprise de me prendre une place au concert de M.
Nous nous faufilons a l'after-show parce que nous partageons cette joie subtile du resquillage.
En ce moment, l'œuvre "I Am Free" de Moataz Nazr est exposée.
Il s'agit d'un mur vertical d'environ 10 mètres de haut, duquel partent deux escaliers se rejoignant en pyramide.
Au sommet de la pyramide, deux ailes (d'ange?) noires, surplombées d'un néon bleu.
Le néon dit: I Am Free.
Nous buvons des demis.
L'envie de courir -vraiment courir- tout en haut des escaliers me prend.
Alors je le fais.
Je dévale les escaliers jusqu'à leur sommet. Dit-on revale, lorsqu'il s'agit d'une cavalcade vers le haut?
La foule sortant de l'after-show applaudit ma performance, m'encourage, j'entends un "Elle, elle est complètement freeeee!"
Je ne m'y attendais pas.
Je suis une petite conne et je suis galvanisée.
Triomphante, je lève les bras pour symboliser ma liberté.
Je descends.
Ma bravade est terminée.
Les hommes de la sécurité ne sont pas franchement contents, mais pas rancuniers non plus, ils rient sous cape de mon insolence.


jeudi 8 novembre 2012

Le dernier bar avant la fin du monde


Au détour du Théatre du châtelet, au 19 de l'avenue Victoria, 75001, donc...
Les geeks apprécieront le nom référence à l'oeuvre à tiroirs de l'auteur du "Hitchhiker's Guide To The Galaxy".
Les cocktails improbables et les jeux à disposition, la camaraderie franche entre de parfaits inconnus rendent cet endroit fameux et unique.
A visiter absolument.
http://www.dernierbar.com/

mercredi 7 novembre 2012

Carnet de bord d'une secouriste (en 9 étapes et en vrac)




1)

On apprend les gestes.
À faire un bilan.
Les antécédents. 
En formation, on dit que c'est comme une enquête.
Il y a deux jours, j'ai chanté l'internationale à un type qui pleurait, riait, et lisait en même temps. 
Un type  de mon âge qui s'était allongé au milieu de la rue en voulant probablement mourir un peu, juste avant qu'on le récupère.
Deux heures avant, je chantais " Une souris verte" à un petit garçon de 3 ans qui présentait une hyperthermie convulsive.
Ça veut dire de la fièvre et des tremblements.
Moi aussi, avant, je parlais normalement.
Et puis je suis devenue secouriste.

2)

Au salon Baby, j'initie des parents captivés aux gestes de secours à destination des nourrissons et des jeunes enfants.
Je leur dis qu'il existe des gestes et des protocoles, mais surtout que ce sont eux, les parents, qui savent mieux que quiconque comment s'occuper de leur enfant, parce que ce sont eux, les parents, et qu'ils peuvent faire confiance à leur instinct, parce qu'ils connaissent mieux leur enfant que quiconque.
Les maladies et les malaises, ils sont pour de vrai.
Les causes, la plupart du temps, elles viennent de la tête et des émotions pas accompagnées.
Il y a toujours des surprises pendant les initiations.
Aujourd'hui par exemple, j'ai initié des enfants de 4 à 8 ans au massage cardiaque sur un nourrisson.
L'un d'eux, très éveillé, m'a dit que sa maîtresse lui avait expliqué que l'arrêt de la respiration entraînait l'arrêt cardiaque.
J'ai acquiescé en ajoutant que c'était  parce que le cerveau et  le poumon avaient besoin l'un de l'autre, et que quand l'un cafouille, l'autre part en nouille.
Ce gosse a effectué le massage mieux que certains adultes. 

3)

Au stade de France, on couvre le match France/Angleterre et tous les secouristes sont très beaux.
Beaucoup de couples se forment au sein de la Croix Rouge.
J'avais pour règle de ne pas pécho à la Croix Rouge.
J'ai dérogé à cette règle une fois.
Au bout de peu de temps, on a réalisé qu'on n'était pas un "match".
On a rompu fort courtoisement.
Je pense que les gens se pécho à la Croix Rouge parce qu'ils partagent cette valeur humaine très forte. 
Le savoir-être des équipiers Crf est tout de même assez agréable, surprenant.
Et puis leur uniforme... 
On n'est plus vraiment nous avec cet uniforme.
On est nous en mieux, en somme.

4)

Je couvre un match de football organisé par une association antillaise du quartier.
L'implication de tous ses membres pour que les petits puissent jouer au foot permet aussi d'animer un peu le lien des gens entre eux.
C'est aussi une rencontre humaine immense, finalement, la Croix Rouge.

5)

Marathon de Paris, énorme dispositif mobilisant 300 secouristes.
Je prends confiance dans les gestes, les bilans, et dans le même temps je doute tant.
J'ai des secouristes sous ma responsabilité (je suis PSE2). 
Et quand je ne sais pas, je demande un relai.
Aujourd'hui une des victimes dont j'étais en charge ma fait la bise en partant.
Un autre ma demandé en mariage.
J'ai aussi réquisitionné deux kinésitherapeutes à la tente de massage pour m'aider à dégager une victime vers la tente Croix Rouge: s'adapter...
J'ai fait deux brancardages maladroits, mais tout le monde qui est passé entre mes mains est vivant, en tout cas l'était quand on s'est quittés.
Je ne sais pas ce qu'ils deviendront ces gens, mais j'ai vraiment, vraiment fait ce petit chemin chaotique avec eux, alors qu'ils ont survécu au probablement pire jour de leur vie.
Eux, en tous cas, ils sont souvent avec moi.
Parce que c'est rarement le cas dans la vraie vie, mais quand on fait du secours, il y a des gestes, des protocoles, une équipe qui font que la situation est "gérable".

6)

La quête, les vents, les sommes improbables, le s'insulter et le bien s'aimer.
Les folles surprises qui ne valent que peu et aussi tellement , tant, si, beaucoup.
On va bien.
Nous sommes ce battement de cœur, toujours la, pour toi, inconnu.
Tu n'as pas 1€ pour la Croix Rouge?
Pas grave, quand tu passeras dans mon camion, je serai au poste...

7)

On fait des blagues en poste.
- Mon collègue: Je vais au lion d'or. Au lit on dort.
- Moi: Tu devrais l'envoyer aux Grosses Têtes.
- Mon collègue (en prenant ma température): Tu te rappelles ce qui s'est passé?
- Moi: Quoi?
- Mon collègue: Ha, ça a marché on t'a effacé la mémoire.
- Moi: C'est quoi qui est gros et jaune? (avec une grosse voix): un PIoUPIOU.
On rit bêtement en se moquant des bobos qui matent la nuit photographique aux buttes Chaumont.
Une douce garde blanche, çà me convient aussi, çà signifie qu'on a pas à intervenir et que tout le monde va bien.

8) 

Maraude. Un an et demie depuis la dernière. Toujours démunissant.
Caca boum.
Le sens de l'humour, bizarre et déconcertant des gars qui dorment dehors.
Pff.

9)

Je réalise après ces 4 ans que je n'ai plus le temps pour la Croix Rouge.
Peut-être parce que par ailleurs , cela fait 4 ans que j'enseigne le massage de cœur pour tenter de faire repartir le mien.
Mon cœur bat pour ce que je fais.
Pour une cause, pour un homme, pas tout à fait, encore, mais à coup sûr, depuis que je suis à la Croix Rouge, mon cœur ne fibrille plus.
En attendant, là, immédiatement, je n'ai plus le temps pour la Croix Rouge.
J'y reviendrai, j'y reviendrai, tout ce que çà m'apprend, c'est trop important...

samedi 3 novembre 2012

Dance To The Music



"Et ceux que l'on voyait danser étaient considérés comme fous par ceux qui n'entendaient pas la musique."
Nietzsche

jeudi 1 novembre 2012

Western d'yeux (ballade matinale)



Je lutte contre mes yeux qui luttent pour rester ouverts depuis 7h07 ce matin, .
Heure à laquelle mon réveil m'a brutalisée comme tous les matins depuis le 1er septembre.
Date à laquelle j'ai eu le privilège de dormir une nuit complète pour la dernière fois.
Allez, allez.
Allez.
Les yeux encore fermés, je presse mon café.
C'est pas rien un café pressé, c'est une litote en soi.
La bouilloire ronronne.
Une cuillère de ma petite drogue légale, qui imminament, accélèrera le battement de mon cœur.
4 minutes.
Le temps d'une vie le matin.
Presse.
Mon café.
Mais pourquoi je m'inflige cette vie là.
Je ne mets pas de point d'interrogation à cette question réthorique, c'est un fait exprès, bon pour faire ce que de droit.
Je suis debout.
Enfin, je crois.
Petit rituel du matin, comme un haka de rugbyman, je me dis bonjour dans le miroir.
C'est bon.
C'est bien moi.
Enfin, je crois.
Propulsion dans le couloir de Châtelet.
Que c'est brutal et beau aussi, parfois, Paris, le matin.
Je flotte, comme elle, je ne coule pas (encore) cool.
Trop tard pour venir en bus et attraper une de ces plus belles vues du monde: celle du pont qui relie la rive gauche à la rive droite, et ce ciel, ce ciel, ce ciel à perte de vue.
Une peinture de William Turner, ce ciel matinal dans le 38.
Mais il est trop tard pour la beauté ce matin.
Trop tard pour le bus alors je me rabats sur la ligne 4.
4, au Japon, veut aussi dire mort.
Quatre.
Un pompier de Paris m'a un jour dit que c'est la ligne de prédilection des suicidés.
Ma petite mort matinale, ce 4 qui me poursuit.
Incroyable que je survive à chaque matin.
La 11 est liée par la 4 via un tube Technicolor ringard.
Il fait 1000km ce couloir qui connecte la 11 à la 4.
Quatre.
Je suis dedans.
Ce changement et la ruche à gens qui courent pendant la correspondance.
Dans les ruches on produit du miel.
Dans le métro on produit des insultes, parfois des sourires de connivence un peu hasardeux.
Changement.
Transit.
Attente.
Correspondance.
Ils sont toujours justes, les mots du transport et du voyage, parce qu'ils parlent de notre trajectoire lente et inassurée, tâtonnante, vers l'inéluctable arrivée.
L'arrivée est toujours sûre et certaine d'elle-même.
Elle est là, elle ne fait qu'une chose, l'arrivée, elle t'attend, c'est tout.
Comme dans la vie. 
Long couloir arc-en-ciel désuet.
Un jour, je te jure que je vais dégainer un sifflet pour faire courir les parisiens encore plus vite entre les couloirs.
Le chemin.
Sortie.
Ouf.
Je suis encore avec moi.
Le jardin de la porte d'Orléans.
Le parc et les feuilles qui déclinent en mode Tim Burton.
La rosée sur les feuilles fait briller celles-ci, tel un dégueulis de fée.
Petit haiku d'Automne.
Matthew Bellamy et sa voix de stentor fluet, et son piano dingo, et ses guitares hystériques hurlent "Survival" tel un chant galvanisant dans mes oreilles. 
Si.
Si.
Si.
Je peux.
Ce matin, ce matin, une fois de plus, je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux lutter contre mes yeux, je peux vivre, pas survivre, je peux être là, vraiment, vraiment là, pas gagner, perdre, je peux faire sans suffisament de café, je peux me mettre au premier rang et entendre, ingurgiter un cours magistral et faire le lien avec mon futur taf, je peux rester indignée mais pas aigrie, fatiguée, oui, oui, pas épuisée, donner, pas abandonner, ce matin, à nouveau, ce matin neuf, je peux échanger des idées avec mes camarades en pause et espérer un monde meilleur, je peux, je peux croire que moi je ferai une différence sur le terrain, je peux me dire que oui je peux.
Je peux me rappeler que je suis venue sans rien au monde, et que je ne partirai qu'avec de l'amour, le reste n'est qu'emprunt, le reste ne fait que passer, le reste, c'est presque rien.
Je peux me rappeler que la vie c'est là, là, là, là;  maintenant.
Pas plus tard.
En face à face.
Mano.
A.
Mano.
Alors je me mets au premier rang.
Le combat contre mes yeux paresseux se poursuit.
La ballade longue, qu'elle est épuisante parfois, je sens que je m'essouffle.
(Mes yeux me perdent.
Ils gagnent une partie lorsque le  maître  de la magistralité passe au petit b du grand un, ou bien l'inverse.
Mes yeux se closent.
Je pars loin, sur une petit lagune mexicaine qu'on appelle Chacahua. On y vit de poisson grillé et on surfe toute la journée. La question existentielle à Chacahua, c'est qu'il n'y en a pas. Ça repose la tête. Le dicton à Chacahua, c'est "Nada se pasa". C'est un local qui m'avait dit çà, les yeux remplis de sable et de Mezcal. J'ai bien aimé Chacahua.
Pourquoi je n'y retourne pas.)
Mais pourquoi, pourquoi, alors, je m'inflige cette vie-là.
Je me réveille et sursaute de me réveiller dans cet amphi clairsemé.
Mais à quoi ils rêvent les autres étudiants.
Mes yeux: un. Moi: zéro (en plus maintenant je vois flou).

À suivre (?)

If you're going to try, go all the way...


Je suis tombée récemment sur ces mots de Charles Bukowski, que je vous traduis ci-dessous:


If you're going to try, go all the way. Otherwise, don't even start. This could mean losing girlfriends, wives, relatives and maybe even your mind. It could mean not eating for three or four days. It could mean freezing on a park bench. It could mean jail. It could mean derision. It could mean mockery--isolation. Isolation is the gift. All the others are a test of your endurance, of how much you really want to do it. And, you'll do it, despite rejection and the worst odds. And it will be better than anything else you can imagine. If you're going to try, go all the way. There is no other feeling like that. You will be alone with the gods, and the nights will flame with fire. You will ride life straight to perfect laughter. It's the only good fight there is.” Charles Bukowski, Factotum

« Si tu dois essayer, va jusqu'au bout. Le cas échéant, ne commence même pas. Ca peut signifier que tu perdras tes copines, femmes, proches et peut-être même ta tête. Ca peut aussi signifier que tu ne vas pas manger pendant trois ou quatre jours. Ca peut signifier que tu vas te geler sur un banc. Ca peut signifier la prison. Ca peut signifier la dérision. Ca peut signifier la moquerie – l'isolation. L'isolation c'est le cadeau. Tous les autres, ce sont des tests d'endurance, d'à quel point tu veux vraiment le faire. Et, tu le feras, en dépit des rejets et des pires improbabilités. Et ce sera mieux que tout ce que tu peux imaginer. Si tu veux essayer, va jusqu'au bout. Il n'y a pas de sensation meilleure que celle-là. Tu seras seul avec les dieux, et les nuits s'enflameront de feu. Tu chevaucheras la vie dans un parfait fou rire. C'est la seule bataille qui vaille. »Charles Bukowski, Factotum