lundi 19 septembre 2011

Une minute de vie


( Vu sur la devanture de la laverie où Arnito a déposé TOUT son linge à la veille d'un grand voyage): 

"Pour des raisons de force majeure, nous devons fermer et nous ré-ouvrirons demain matin à 9 heures."


Bon, bon, bon.

Le terme de rentrée n'a jamais eu autant de sens pour moi (ben oui, c'est encore de moi que je vais parler dans MON blog...)

Par rentrée, on entend qu'on est sorti, en amont, non?
Je suis sortie de la vie depuis deux mois et demie et cette rentrée, donc cette retirée, enfin ce retour en somme, me violentent un peu, je suis bien obligée de l'admettre.

Tous les matins ou presque, depuis que j'ai arrêté de prendre l'avion, tous ces instants qui s'addtionnent, récemment,  j'ai envie d'être partout sauf là ou je suis.

J'ai bien fait de me le faire ce tatouage sur mon poignet, pour ne pas oublier, que le bonheur c'est maintenant.

Etre avec moi tout en ayant conscience que, notamment:

Je n'avais plu regardé le ciel seule en rêvassant depuis près d'un mois.
Je n'ai pas donné le meilleur de moi à ce garçon.
Je n'ai pas été suffisamment été attentive en cours de sociologie politique.
Je ne me suis plus du tout investie dans mon bénévolat Croix Rouge.
Je n'ai même pas commencé à apprendre la guitare.
Je n'ai toujours pas essayé l'escalade.
Je ne me suis pas inscrite à ce cours de gym suédoise.
Je suis un peu ailleurs, et je contemple un peu tristement, ces moments que j'ai ratés successivement, et je suis ailleurs, et je regrette un peu de ne plus pouvoir saisir ces moments passés.
Ce ne sont pas des temps morts, pourtant, ils ont bel et bien été vécu, mais vécu, en vérité à moitié.

Une.
Minute.
De .
Vie.

Qui ne se rattrape plus jamais.

Un temps passé, un temps perdu.

Le temps de le dire, et la minute s'est envolée...

La question qui m'obsédait quand je vivais à New York et que je passais mon temps à aller et venir, entre Paris et la Grosse Pomme, c'était:

" Mais ou va le décalage horaire?"
Ou va le temps perdu?

Le temps qu'il fait, et qui passe, et qu'on perd, le temps qui courre, le temps qu'on tue, le temps qu'on aura, on a toute la vie.

On l'a, toute la vie, mais on en fait quoi? On la passe ou on la vit?

Quand j'ai pris l'avion entre Washington et Houston, cet été, mon voisin de gauche a contemplé mon tatouage, et m'a dit que c'était une jolie phrase, mais qu'il fallait préciser que le bonheur de maintenant ne devrait pas empêcher le bonheur de demain.
J'ai rétorqué en riant que mon bras était bien trop petit pour tatouer tout çà.

Cet homme avait raison.

Je ne suis pas amère, mais je peux le reconnaître, j'ai eu tort parfois, de ne pas être là.
De nefaire que passer ces minutes quand j'aurais voulu les vivre.

Ce temps passé, en outre je l'ai aussi quand même un peu saisi, un peu occupé.

J'ai fait un millier de trucs biens aussi, discrètement, en cette rentrée.

J'ai enfin pris le temps de prendre le temps, j'ai annulé, ralenti, entendu, je suis partie voir, j'ai appris, débattu, j'ai essayé, vraiment, vu mes limites, argumenté, j'ai eu tort, j'ai jeté des sorts, je me suis servie de nouveau, encore, j'ai attendu, j'ai plu, je n'ai pas pu, j'ai reçu, j'ai bu, j'ai cuisiné, j'ai goûté, j'ai écouté, j'ai répondu, j'ai attendu, j'ai vu, été paresseuse, me suis remis doucement lentement à la lecture, j'ai contemplé, essayé de rattraper, pas réussi, j'ai dansé, j'ai failli tomber et puis je me suis ressaisie, j'ai hésité, j'ai fait le point, j'ai tenté de recommencé ce qui n'avait même pas débuté, j'ai retenu, j'ai lâché, j'ai perdu, je suis retourné, j'ai visité, j'ai rédigé, j'ai...

Pff...
Pff...
Pff...

Mon amie Cécile me faisait remarquer que j'ai vu un hypnotiseur, et ri en voyant des flamands roses.
J'ajoute que j'ai fait du toboggan et que j'ai gagné des Olympiades.

J'ai donc finalement additionné les minutes sans m'en rendre compte, je les ai vécues, additionnées, j'ignore un peu ce qu'il s'est passé.

Je ne sais pas, probablement... Une succession de minutes.

Une minute de vie.