Je lutte contre mes yeux qui luttent
pour rester ouverts depuis 7h07 ce matin, .
Heure à laquelle mon réveil m'a brutalisée comme tous les matins depuis le 1er septembre.
Date à laquelle j'ai eu le privilège de dormir une nuit complète pour la dernière fois.
Heure à laquelle mon réveil m'a brutalisée comme tous les matins depuis le 1er septembre.
Date à laquelle j'ai eu le privilège de dormir une nuit complète pour la dernière fois.
Allez, allez.
Allez.
Les yeux encore fermés, je presse mon
café.
C'est pas rien un café pressé, c'est une litote en soi.
La bouilloire ronronne.
Une cuillère de ma petite drogue légale, qui imminament, accélèrera le battement de mon cœur.
4 minutes.
Le temps d'une vie le matin.
Presse.
La bouilloire ronronne.
Une cuillère de ma petite drogue légale, qui imminament, accélèrera le battement de mon cœur.
4 minutes.
Le temps d'une vie le matin.
Presse.
Mon café.
Mais pourquoi je m'inflige cette vie
là.
Je ne mets pas de point d'interrogation
à cette question réthorique, c'est un fait exprès, bon pour faire
ce que de droit.
Je suis debout.
Enfin, je crois.
Enfin, je crois.
Petit rituel du matin, comme un haka de
rugbyman, je me dis bonjour dans le miroir.
C'est bon.
C'est bien moi.
Enfin, je crois.
C'est bien moi.
Enfin, je crois.
Propulsion dans le couloir de Châtelet.
Que c'est brutal et beau aussi,
parfois, Paris, le matin.
Je flotte, comme elle, je ne coule pas (encore) cool.
Trop tard pour venir en bus et attraper une de ces plus belles vues du monde: celle du pont qui relie la rive gauche à
la rive droite, et ce ciel, ce ciel, ce ciel à perte de vue.
Une peinture de William Turner, ce ciel
matinal dans le 38.
Mais il est trop tard pour la beauté
ce matin.
Trop tard pour le bus alors je me
rabats sur la ligne 4.
4, au Japon, veut aussi dire mort.
Quatre.
Quatre.
Un pompier de Paris m'a un jour dit que
c'est la ligne de prédilection des suicidés.
Ma petite mort matinale, ce 4 qui me poursuit.
Incroyable que je survive à chaque matin.
Incroyable que je survive à chaque matin.
La 11 est liée par la 4 via un tube
Technicolor ringard.
Il fait 1000km ce couloir qui connecte
la 11 à la 4.
Quatre.
Je suis dedans.
Ce changement et la ruche à gens qui courent pendant la correspondance.
Dans les ruches on produit du miel.
Dans le métro on produit des insultes, parfois des sourires de connivence un peu hasardeux.
Je suis dedans.
Ce changement et la ruche à gens qui courent pendant la correspondance.
Dans les ruches on produit du miel.
Dans le métro on produit des insultes, parfois des sourires de connivence un peu hasardeux.
Changement.
Transit.
Attente.
Correspondance.
Correspondance.
Ils sont toujours justes, les mots du
transport et du voyage, parce qu'ils parlent de notre trajectoire
lente et inassurée, tâtonnante, vers l'inéluctable arrivée.
L'arrivée est toujours sûre et
certaine d'elle-même.
Elle est là, elle ne fait qu'une
chose, l'arrivée, elle t'attend, c'est tout.
Comme dans la vie.
Long couloir arc-en-ciel désuet.
Un jour, je te jure que je vais
dégainer un sifflet pour faire courir les parisiens encore plus vite
entre les couloirs.
Le chemin.
Sortie.
Ouf.
Je suis encore avec moi.
Je suis encore avec moi.
Le jardin de la porte d'Orléans.
Le parc et les feuilles qui déclinent
en mode Tim Burton.
La rosée sur les feuilles fait briller
celles-ci, tel un dégueulis de fée.
Petit haiku d'Automne.
Matthew Bellamy et sa voix de stentor fluet, et son piano dingo, et ses guitares hystériques hurlent "Survival" tel un chant galvanisant
dans mes oreilles.
Si.
Si.
Si.
Je peux.
Ce matin, ce matin, une fois de plus,
je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux lutter contre mes yeux, je peux vivre, pas survivre, je peux être là, vraiment, vraiment là, pas gagner, perdre, je peux
faire sans suffisament de café, je peux me mettre au premier rang et
entendre, ingurgiter un cours magistral et faire le lien avec mon
futur taf, je peux rester indignée mais pas aigrie, fatiguée, oui, oui, pas épuisée, donner, pas abandonner, ce matin, à nouveau, ce matin neuf, je peux échanger
des idées avec mes camarades en pause et espérer un monde meilleur,
je peux, je peux croire que moi je ferai une différence sur le
terrain, je peux me dire que oui je peux.
Je peux me rappeler que je suis venue sans rien au monde, et que je ne partirai qu'avec de l'amour, le reste n'est qu'emprunt, le reste ne fait que passer, le reste, c'est presque rien.
Je peux me rappeler que la vie c'est là, là, là, là; maintenant.
Pas plus tard.
En face à face.
Mano.
A.
Mano.
Je peux me rappeler que je suis venue sans rien au monde, et que je ne partirai qu'avec de l'amour, le reste n'est qu'emprunt, le reste ne fait que passer, le reste, c'est presque rien.
Je peux me rappeler que la vie c'est là, là, là, là; maintenant.
Pas plus tard.
En face à face.
Mano.
A.
Mano.
Alors je me mets au premier rang.
Le combat contre mes yeux paresseux se
poursuit.
La ballade longue, qu'elle est épuisante parfois, je sens que je m'essouffle.
(Mes yeux me perdent.
La ballade longue, qu'elle est épuisante parfois, je sens que je m'essouffle.
(Mes yeux me perdent.
Ils gagnent une partie lorsque le
maître de la magistralité passe au petit b du grand un,
ou bien l'inverse.
Mes yeux se closent.
Je pars loin, sur une petit lagune
mexicaine qu'on appelle Chacahua. On y vit de poisson grillé et on
surfe toute la journée. La question existentielle à Chacahua, c'est
qu'il n'y en a pas. Ça repose la tête. Le dicton à Chacahua, c'est
"Nada se pasa". C'est un local qui m'avait dit çà, les
yeux remplis de sable et de Mezcal. J'ai bien aimé Chacahua.
Pourquoi je n'y retourne pas.)
Mais pourquoi, pourquoi, alors, je
m'inflige cette vie-là.
Je me réveille et sursaute de me
réveiller dans cet amphi clairsemé.
Mais à quoi ils rêvent les autres
étudiants.
Mes yeux: un. Moi: zéro (en plus
maintenant je vois flou).
À suivre (?)