Riche mécène, lecteur inspiré, tu peux t'offrir la joie de me faire un don.

mercredi 6 octobre 2010

Grandir.

Chaque année, je vide mes armoires.
Je suis fan de fringues, on peut dire que j'ai une garde-robe de diva orientale.
Alors, ce moment de l'année où je prends enfin mon courage à deux mains pour décanter tout çà, çà signifie qu'il me faut dire au revoir à des objets, et à travers çà, des petits bouts de vie.
Des instants de ma vie.
Lâcher prise.
Dire bye bye.
Laisser partir ces histoires dans la nature, accepter que ces fringues, elles font partie de moments qui ne reviendront pas.
Donner ces histoires.
Chaque robe, pull, tee-shirt, a une histoire, digne d'un roman ou presque.
"Le journal intime de mes chaussettes".
Une fringue = un souvenir.
Une minute ou une heure.
Une saison.
Mes sous-vêtements ont un savoir encyclopédique.
Mes soutien-gorges sont des comédies, mes tangas sont parfois tragiques, mes strings sont des papyrus, mes boxers, des épopées.
Normal, ce sont les seuls qui m'accompagnent régulièrement, été comme hiver, depuis un certain temps parfois (ma culotte la plus vieille a 10 ans -bon, celle-ci, je la conserve plus comme une sorte de relique.)
Au vu de tout ce que je jette, on dirait bien que cette année, j'ai pleins d'histoires.
J'ai remarqué, bizarrement, que ce sont les culottes dont c'est le plus difficile de se débarrasser.
Que c'est moche, ce mot, culotte, alors que c'est si cool comme objet.
Informe Dim, ou Petit Bateau délavée.
Ce sont mes fidèles camarades parce que celles-ci en particulier marquent un baiser sous la pluie, un plombage tombé à cause d'un Carambar, une journée ensoleillée avec des amis au bord de l'eau…
Une vie, rien en somme, que la somme des instants.
Ce sont vers celles-ci qu'on revient toujours parce qu'elles sont fiables, rassurantes.

C'est avec nos culottes, en fin de compte, qu'on est les plus intimes.

grandir.jpg

Même inconfortables, les culottes sont si près de nous, et nous rassurent tièdement.

Ma culotte porte-bonheur.
Ma poumpoum culotte.
Ma culotte trop échancrée.

Par extension, il y a aussi cette nippe qui tout ce temps m'a collé à la peau, je sais en la mettant que je ne l'aime pas, qu'à chaque fois que je la mets, c'est synonyme de "MAUVAISE JOURNEE, HAAAAA, à base de queue au tourniquet du métro dès 8:42, eau froide et gifle d'un inconnu", et toutefois, néanmoins, pour un raison qui m'échappe à fond, j'ai gardé la nippe maudite.

Et puis ce tee-shirt noir, le classique, celui sur lequel je peux toujours compter, celui qui me donne bonne mine, peu importe le temps, mon humeur, ce bon vieux tee-shirt noir, qui est toujours là pour moi.

Il y a cette fringue, à qui je continue d'accorder une chance, tout en la sachant en sursis...

Et aussi LA robe; celle qui est confortable et sexy, honnête et qui ne m'a rien coûté.

Le pantalon improbable.
La jupe que je porte pour me donner une contenance, et mes chaussures de danse.
Mon bonnet cool qui gratte, mon pull rassurant, ma robe qui dit "hey, bienvenue, c'est le printemps".
Mon jean éternel, mon col roulé snob, ma chemise autoritaire, mon foulard détourne l'attention.
Le chapeau que je n'ai jamais voulu prêter et puis que je finis par donner, parce que parfois, juste, je suis comme tout le monde et puis je peux lâcher prise.

Toutes ces fringues, toutes ces humeurs, toutes ces histoires, que je lâche un peu dans la nature.

C'est comme pardonner, grandir, lâcher prise, c'est comme faire ses devoirs: çà a l'air beaucoup plus chiant que çà ne l'est vraiment.

On s'allège.

En fait, sans changer de taille, on dirait bien que cette année encore, je grandis.