Riche mécène, lecteur inspiré, tu peux t'offrir la joie de me faire un don.

jeudi 6 décembre 2012

Les 3 Ultimes Questions.



  • - Pourquoi les gens courent-ils après le métro qui part, pourquoi les gens se battent-ils contre ses portes qui se ferment comme si c'était le dernier métro du monde?
    Chers les gens, il y a toujours un métro après celui qui vient de partir.

    - Pourquoi laisse-t-on des stupides bicuits au Père Noel? Si çà se trouve, il aimerait bien un bon vieux Whisky 8 ans d'âge, çà le réchaufferait pendant sa tournée...

    - Pourquoi met-on une vie à réaliser qu'à la fin on meurt?

Le courrier des lecteurs



Ecrire ce blog génère de nombreuses satisfactions et des rencontres.
En ce dernier mois de l'année, voici quelques-unes de vos belles proses (continuez à écrire pour de vrai, çà remplit mon coeur de joie).

Cher blog,
C'est moi la Mère Noëlle.
Cette année, Papa fera sa distribution annuelle habituelle.
En revanche, je tiens à souligner qu'on ne parle pas assez du fait que c'est aussi un peu grâce à moi grâce à moi, et zut.
Nom d'un elf.
Qui c'est qui fait les bonshommes en pain d'épice toute l'année ?
Qui lui remplit sa pipe à tabac au gingembre ?
Qui panse et encourage les rênes de Papa ?
Ben ouais, cher journal, c'est Bibi.
Alors voilà, quand vos chaussettes seront pleines de cadeaux et que le sapin rengorgera de présents, ayez une pensée pour moi.
Parce que voilà.
Un merveilleux Noël à vous tous.
La Mère Noël.

Chère Mère Noël,
Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci,Merci, Merci.
Autant de mercis que de jours en Décembre, jusqu'à l'arrivée de Papa.
Parce que vous le valez bien.
Bisous !


Cher uneautrefilletoutenue,
C'est moi la Fin du Monde Tel que Vous le Connaissiez (FMTVC pour les intimes)... 
Juste pour rappel, j'arrive en chair et en os ce 21 décembre.
Donc, ne vous prenez pas trop la tête sur la liste de cadeaux de Noël que vous avez à faire, l'endroit où vous passerez le Nouvel An ou bien encore sur votre avenir, votre santé, votre argent, vos amours...
Parce qu'après le 21/12/12, plus rien ne sera comme avant.
Cordialement,
La FMTVC.

Chère la FMTVC,
Tu es un peu relou d'arriver à cette période de l'année. 
Ça ne ressemble à rien un 21 décembre, c'est comme un mardi, ou bien les raviolis en boîte, on ne peut pas avoir d'opinion à ce sujet,  c'est vraiment juste un truc dont on se fout tous, mais complètement.
Par ailleurs que veux-tu dire quand tu dis "plus rien ne sera comme avant". On sera tout à coup dans le monde des Bisounours? Ou bien dans un monde comme Wall-E? J'ai bien aimé ce film même si je dois admettre que je ne voudrais pas vivre dans le monde de Wall-E. Tu as vu Wall-E? Chère la fin du monde, tu n'es qu'un concept, je doute fort que tu aies vu ce film. 
Et d'ailleurs comment as-tu fait pour nous écrire? Je sais pas, j'imagine que tu as peut être des priorités. Et puis tu aimes bien faire des promesses que tu ne tiens pas, on n'est plus dupes, hein! 
Dois-je te rappeler le fiasco de Paco Rabanne et sa station Mir, ou encore le "bug de l'an 2000"?
Non mais laisse-moi rire, fin du monde.
Ha. Ha. Ha.
HA.HA.
Allez, cesse de perdre ton temps et organise ton Armaggedon comme faire se doit.
Paresseuse!

Cher ...,
Je ne sais guère comment t'appeler alors tu seras juste mon prochain, c'est plus simple. 
Cette fin d'année m'inspire le moment où on doit être honnête avec son cœur et son prochain.
Alors voilà.
Cher mon prochain.
Je t'aime.
Je ne te connais pas, mais je t'aime, profondément, je t'aime.
Tel que tu es, avec tout ce que tu as et tout ce que tu n'as pas.
Je ne sais pas grand chose, ni à propos de moi, ni à propos de toi, mon prochain, tout ce que je sais, c'est qu'on a une chose en commun.
Je crois que cette chose ne tient qu'à un battement de cœur.
Alors voilà, mon prochain, mon cœur, il bat pour toi.
En physique quantique comme en art, on considère que l'observation seule d'un objet modifie celui-ci.
Et bien voilà, je voulais te le dire, cher mon prochain, je te vois.
Et je t'aime.
J'y pense tous les jours, à cet amour que j'ai pour toi, mon prochain, mais là il fallait que je te le dise.
De merveilleuses fêtes de fin d'année à toi mon prochain.

lundi 12 novembre 2012

L'économie expliquée à un enfant de 5 ans.



Il était une fois, il y a bien longtemps, un monsieur appelé Adam Smith.
Adam était un curieux monsieur qui croyait en une chose étonnante qui s'appelait la Main Invisible.
Cette main était supposée faire que les marchés se régulaient tous seuls.
Par une rencontre un peu mystérieuse entre la demande et l'offre, les prix se rencontraient sur le marché et puis "pouf", selon Adam, tout marchait tout seul...
Et puis le temps passa.
Des gens qu'on appelle les libéraux et aussi les hygiénistes, ont proclamé quelque chose qu'on surnomme l'Etat Providence.
C'était des gens bizarres les libéraux.
Les libéraux étaient copains avec les hygiénistes.
Ils disaient, tous ces gens-là, que le principe de partage et de charité doit seulement être avec les plus pauvres, mais que sinon il n'y a pas vraiment d'entraide.
Ceux qui par exemple avaient le plus de bonbons, ils les gardaient pour eux, et ils grossissaient, ils grossissaient, en se gavant de leurs bonbons, pendant que les ouvriers se tuaient à la tâche pour fabriquer leurs bonbons.
Les ouvriers gagnaient très peu de bonbons.
Pendant ce temps-là, les hygiénistes disaient qu'il fallait beaucoup se laver les mains et puis ne pas jouer avec la terre parce que çà salit les mains et çà donne des maladies.
Moi je trouve çà très intéressant de jouer avec la terre, çà permet de comprendre le monde et puis l'univers.
Et puis, c'est plus sympa de partager ses bonbons,  on passe un agréable moment, ensemble, comme çà.
Ca sert à quoi d'avoir pleins de bonbons si on est seul?
Et puis qu'est ce qu'on fait de tous ces bonbons à part produire plus de bonbons?
Au bout d'un moment on a une indigestion...
Alors, un beau jour, un monsieur qu'on appelle Karl MArx a dit:
"Stop! C'est injuste que ceux qui aident à fabriquer les bonbons n'en voient quasiment pas la couleur."
Quelques pays l'ont écouté, mais le problème c'est que rapidement cette histoire de partage de bonbons a créé beaucoup de disputes et même des guerres.
Mais c'est là que John Keynes est arrivé.
Lui, il a dit:
"Allons, les copains, il faut que quelqu'un arbitre tout cela, vous voyez bien que tous seuls on n'y arrive pas"
Un peu comme à la maison, s'il n'y a pas d'adulte, les jeunes enfants tous seuls ont tendance à faire des bêtises, parce qu'ils ont peur, c'est normal, çà fait peur d'être tout seul...
Keynes a dit:
"Hey, je propose que tout le monde donne un peu de ses bonbons à tout le monde, on partage tous, et le chef, ce sera l'Etat Social".
L'Etat Social, çà c'était une chouette idée, et çà marchait plutôt bien, parce qu'au coeur de l'une des crises les plus sombres du XXème siècle, çà a permis de remettre de l'ordre et même un peu de paix sociale.
La paix sociale, c'est quand on essaie de bien s'entendre tous.
C'est très compliqué à mettre en place, la paix sociale, parce qu'on a toujours des raisons de se disputer.
On est tous très différents alors c'est sûr que discuter à tous, ce n'est pas facile...
Donc çà marchait comme çà, l'Etat Social reposait sur 4 piliers:
- la protection sociale: çà signifie que quand on se fait un bobo, l'Etat est là pour te guérir.
Mais pas seulement, il aide les papis et les mamies, qui ont longtemps travaillé, il aide les personnes qui recherchent du travail, et on le finance en donnant de l'argent (ou des bonbons, comme vous préférez) à la fin de chaque mois.
- le droit du travail: ce sont les règles pour dire aux patrons qu'ils sont obligés de donner un certain nombre de bonbons aux employés, à tous les employés, qu'ils soient des hommes ou bien des femmes (sinon les papas gagnent plus que les mamans et çà c'est injuste, non mais!) .
- les politiques sociales: c'est par exemple quand l'état dit à tout le monde de donner un petit peu plus de bonbons pour que tout le monde mange à sa faim..
- les services publics: çà, ce sont les écoles, les crèches, les trains, tous ces trucs qui vous permettent de vivre la vie de tous les jours...
Depuis les années 80, le problème, c'est que les idées d"Adam Smith et de ses copains sont revenues à la mode, allez savoir pourquoi.
Probablement parce qu'un ancien cowboy, Ronald Reagan, est devenu président en Amérique...
Il a donc décrété que  le libéralisme reviendrait en force.
Le libéralisme consiste:
- à libéraliser les marchés et la finance (çà, c'est quand il n'y a plus de règles, la Main Invisible refait surface, ce qui fait peur à tout le monde, rappelez-vous),
- à baisser le coût du travail (moins de bonbons pour tous, sauf pour ceux qui en ont plein, parce qu'ils en ont plein...),
- à mener une contre-révolution fiscale (çà çà signifie que ceux qui ont plein de bonbons ont le droit d'en garder encore plus, parce qu'ils ont le mérite d'avoir gagné des bonbons)
- à prôner l'austérité salariale (çà, c'est pour les employés qui fabriquent les bonbons, il ne fait pas trop leur en donner parce que sinon l'état dépense trop de bonbons et les libéraux n'aiment pas trop partager)...
Voilà.
Heureusement, l'Etat Social existe encore, mais le libéralisme l'attaque beaucoup beaucoup.
Tout cela ne vous paraît pas très logique.
Beaucoup d'adultes ne comprennent pas non plus...
Espérons qu'un beau jour, quelqu'un se réveillera et se dira que John Keynes était un chouette type...

Merci à Christophe Ramaux et à ses trois ans de cours d'économie à l'IRTS Montrouge, appliqué aux travailleurs sociaux...


samedi 10 novembre 2012

Les dérègles de l'art



2006.
Mon amoureux de l'époque a pour père le curateur du château d'Oiron.
Dans lequel est exposé une installation de Kusama.
Un cube un peu comme un container de peut être 8 mètres cubes.
L'artiste a apposé des miroirs au parois.
Le plafond et le sol sont bâchés de noir.
Des lumières de couleurs sont suspendus un peu partout.
Au sol, de l'eau.
Il m'embrasse.
Nous sommes seuls.
Il ferme la porte.
Le reste nous regarde.
Enfin , nous croyons.
Lorsque nous quittons les lieux, nous réalisions qu'une caméra de surveillance -dont l'écran de contrôle se trouve dans le bureau de beau-papa- nous scrutait.
Je ne saurai jamais si quelqu'un regardait l'écran.
Pour le reste, c'est entre Kusama et nous.

2012.
Je taf au 104 et mes collègues et moi, on s'entend plutôt très bien.
Elles m'ont fait la surprise de me prendre une place au concert de M.
Nous nous faufilons a l'after-show parce que nous partageons cette joie subtile du resquillage.
En ce moment, l'œuvre "I Am Free" de Moataz Nazr est exposée.
Il s'agit d'un mur vertical d'environ 10 mètres de haut, duquel partent deux escaliers se rejoignant en pyramide.
Au sommet de la pyramide, deux ailes (d'ange?) noires, surplombées d'un néon bleu.
Le néon dit: I Am Free.
Nous buvons des demis.
L'envie de courir -vraiment courir- tout en haut des escaliers me prend.
Alors je le fais.
Je dévale les escaliers jusqu'à leur sommet. Dit-on revale, lorsqu'il s'agit d'une cavalcade vers le haut?
La foule sortant de l'after-show applaudit ma performance, m'encourage, j'entends un "Elle, elle est complètement freeeee!"
Je ne m'y attendais pas.
Je suis une petite conne et je suis galvanisée.
Triomphante, je lève les bras pour symboliser ma liberté.
Je descends.
Ma bravade est terminée.
Les hommes de la sécurité ne sont pas franchement contents, mais pas rancuniers non plus, ils rient sous cape de mon insolence.


jeudi 8 novembre 2012

Le dernier bar avant la fin du monde


Au détour du Théatre du châtelet, au 19 de l'avenue Victoria, 75001, donc...
Les geeks apprécieront le nom référence à l'oeuvre à tiroirs de l'auteur du "Hitchhiker's Guide To The Galaxy".
Les cocktails improbables et les jeux à disposition, la camaraderie franche entre de parfaits inconnus rendent cet endroit fameux et unique.
A visiter absolument.
http://www.dernierbar.com/

mercredi 7 novembre 2012

Carnet de bord d'une secouriste (en 9 étapes et en vrac)




1)

On apprend les gestes.
À faire un bilan.
Les antécédents. 
En formation, on dit que c'est comme une enquête.
Il y a deux jours, j'ai chanté l'internationale à un type qui pleurait, riait, et lisait en même temps. 
Un type  de mon âge qui s'était allongé au milieu de la rue en voulant probablement mourir un peu, juste avant qu'on le récupère.
Deux heures avant, je chantais " Une souris verte" à un petit garçon de 3 ans qui présentait une hyperthermie convulsive.
Ça veut dire de la fièvre et des tremblements.
Moi aussi, avant, je parlais normalement.
Et puis je suis devenue secouriste.

2)

Au salon Baby, j'initie des parents captivés aux gestes de secours à destination des nourrissons et des jeunes enfants.
Je leur dis qu'il existe des gestes et des protocoles, mais surtout que ce sont eux, les parents, qui savent mieux que quiconque comment s'occuper de leur enfant, parce que ce sont eux, les parents, et qu'ils peuvent faire confiance à leur instinct, parce qu'ils connaissent mieux leur enfant que quiconque.
Les maladies et les malaises, ils sont pour de vrai.
Les causes, la plupart du temps, elles viennent de la tête et des émotions pas accompagnées.
Il y a toujours des surprises pendant les initiations.
Aujourd'hui par exemple, j'ai initié des enfants de 4 à 8 ans au massage cardiaque sur un nourrisson.
L'un d'eux, très éveillé, m'a dit que sa maîtresse lui avait expliqué que l'arrêt de la respiration entraînait l'arrêt cardiaque.
J'ai acquiescé en ajoutant que c'était  parce que le cerveau et  le poumon avaient besoin l'un de l'autre, et que quand l'un cafouille, l'autre part en nouille.
Ce gosse a effectué le massage mieux que certains adultes. 

3)

Au stade de France, on couvre le match France/Angleterre et tous les secouristes sont très beaux.
Beaucoup de couples se forment au sein de la Croix Rouge.
J'avais pour règle de ne pas pécho à la Croix Rouge.
J'ai dérogé à cette règle une fois.
Au bout de peu de temps, on a réalisé qu'on n'était pas un "match".
On a rompu fort courtoisement.
Je pense que les gens se pécho à la Croix Rouge parce qu'ils partagent cette valeur humaine très forte. 
Le savoir-être des équipiers Crf est tout de même assez agréable, surprenant.
Et puis leur uniforme... 
On n'est plus vraiment nous avec cet uniforme.
On est nous en mieux, en somme.

4)

Je couvre un match de football organisé par une association antillaise du quartier.
L'implication de tous ses membres pour que les petits puissent jouer au foot permet aussi d'animer un peu le lien des gens entre eux.
C'est aussi une rencontre humaine immense, finalement, la Croix Rouge.

5)

Marathon de Paris, énorme dispositif mobilisant 300 secouristes.
Je prends confiance dans les gestes, les bilans, et dans le même temps je doute tant.
J'ai des secouristes sous ma responsabilité (je suis PSE2). 
Et quand je ne sais pas, je demande un relai.
Aujourd'hui une des victimes dont j'étais en charge ma fait la bise en partant.
Un autre ma demandé en mariage.
J'ai aussi réquisitionné deux kinésitherapeutes à la tente de massage pour m'aider à dégager une victime vers la tente Croix Rouge: s'adapter...
J'ai fait deux brancardages maladroits, mais tout le monde qui est passé entre mes mains est vivant, en tout cas l'était quand on s'est quittés.
Je ne sais pas ce qu'ils deviendront ces gens, mais j'ai vraiment, vraiment fait ce petit chemin chaotique avec eux, alors qu'ils ont survécu au probablement pire jour de leur vie.
Eux, en tous cas, ils sont souvent avec moi.
Parce que c'est rarement le cas dans la vraie vie, mais quand on fait du secours, il y a des gestes, des protocoles, une équipe qui font que la situation est "gérable".

6)

La quête, les vents, les sommes improbables, le s'insulter et le bien s'aimer.
Les folles surprises qui ne valent que peu et aussi tellement , tant, si, beaucoup.
On va bien.
Nous sommes ce battement de cœur, toujours la, pour toi, inconnu.
Tu n'as pas 1€ pour la Croix Rouge?
Pas grave, quand tu passeras dans mon camion, je serai au poste...

7)

On fait des blagues en poste.
- Mon collègue: Je vais au lion d'or. Au lit on dort.
- Moi: Tu devrais l'envoyer aux Grosses Têtes.
- Mon collègue (en prenant ma température): Tu te rappelles ce qui s'est passé?
- Moi: Quoi?
- Mon collègue: Ha, ça a marché on t'a effacé la mémoire.
- Moi: C'est quoi qui est gros et jaune? (avec une grosse voix): un PIoUPIOU.
On rit bêtement en se moquant des bobos qui matent la nuit photographique aux buttes Chaumont.
Une douce garde blanche, çà me convient aussi, çà signifie qu'on a pas à intervenir et que tout le monde va bien.

8) 

Maraude. Un an et demie depuis la dernière. Toujours démunissant.
Caca boum.
Le sens de l'humour, bizarre et déconcertant des gars qui dorment dehors.
Pff.

9)

Je réalise après ces 4 ans que je n'ai plus le temps pour la Croix Rouge.
Peut-être parce que par ailleurs , cela fait 4 ans que j'enseigne le massage de cœur pour tenter de faire repartir le mien.
Mon cœur bat pour ce que je fais.
Pour une cause, pour un homme, pas tout à fait, encore, mais à coup sûr, depuis que je suis à la Croix Rouge, mon cœur ne fibrille plus.
En attendant, là, immédiatement, je n'ai plus le temps pour la Croix Rouge.
J'y reviendrai, j'y reviendrai, tout ce que çà m'apprend, c'est trop important...

samedi 3 novembre 2012

Dance To The Music



"Et ceux que l'on voyait danser étaient considérés comme fous par ceux qui n'entendaient pas la musique."
Nietzsche

jeudi 1 novembre 2012

Western d'yeux (ballade matinale)



Je lutte contre mes yeux qui luttent pour rester ouverts depuis 7h07 ce matin, .
Heure à laquelle mon réveil m'a brutalisée comme tous les matins depuis le 1er septembre.
Date à laquelle j'ai eu le privilège de dormir une nuit complète pour la dernière fois.
Allez, allez.
Allez.
Les yeux encore fermés, je presse mon café.
C'est pas rien un café pressé, c'est une litote en soi.
La bouilloire ronronne.
Une cuillère de ma petite drogue légale, qui imminament, accélèrera le battement de mon cœur.
4 minutes.
Le temps d'une vie le matin.
Presse.
Mon café.
Mais pourquoi je m'inflige cette vie là.
Je ne mets pas de point d'interrogation à cette question réthorique, c'est un fait exprès, bon pour faire ce que de droit.
Je suis debout.
Enfin, je crois.
Petit rituel du matin, comme un haka de rugbyman, je me dis bonjour dans le miroir.
C'est bon.
C'est bien moi.
Enfin, je crois.
Propulsion dans le couloir de Châtelet.
Que c'est brutal et beau aussi, parfois, Paris, le matin.
Je flotte, comme elle, je ne coule pas (encore) cool.
Trop tard pour venir en bus et attraper une de ces plus belles vues du monde: celle du pont qui relie la rive gauche à la rive droite, et ce ciel, ce ciel, ce ciel à perte de vue.
Une peinture de William Turner, ce ciel matinal dans le 38.
Mais il est trop tard pour la beauté ce matin.
Trop tard pour le bus alors je me rabats sur la ligne 4.
4, au Japon, veut aussi dire mort.
Quatre.
Un pompier de Paris m'a un jour dit que c'est la ligne de prédilection des suicidés.
Ma petite mort matinale, ce 4 qui me poursuit.
Incroyable que je survive à chaque matin.
La 11 est liée par la 4 via un tube Technicolor ringard.
Il fait 1000km ce couloir qui connecte la 11 à la 4.
Quatre.
Je suis dedans.
Ce changement et la ruche à gens qui courent pendant la correspondance.
Dans les ruches on produit du miel.
Dans le métro on produit des insultes, parfois des sourires de connivence un peu hasardeux.
Changement.
Transit.
Attente.
Correspondance.
Ils sont toujours justes, les mots du transport et du voyage, parce qu'ils parlent de notre trajectoire lente et inassurée, tâtonnante, vers l'inéluctable arrivée.
L'arrivée est toujours sûre et certaine d'elle-même.
Elle est là, elle ne fait qu'une chose, l'arrivée, elle t'attend, c'est tout.
Comme dans la vie. 
Long couloir arc-en-ciel désuet.
Un jour, je te jure que je vais dégainer un sifflet pour faire courir les parisiens encore plus vite entre les couloirs.
Le chemin.
Sortie.
Ouf.
Je suis encore avec moi.
Le jardin de la porte d'Orléans.
Le parc et les feuilles qui déclinent en mode Tim Burton.
La rosée sur les feuilles fait briller celles-ci, tel un dégueulis de fée.
Petit haiku d'Automne.
Matthew Bellamy et sa voix de stentor fluet, et son piano dingo, et ses guitares hystériques hurlent "Survival" tel un chant galvanisant dans mes oreilles. 
Si.
Si.
Si.
Je peux.
Ce matin, ce matin, une fois de plus, je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux.
Je peux lutter contre mes yeux, je peux vivre, pas survivre, je peux être là, vraiment, vraiment là, pas gagner, perdre, je peux faire sans suffisament de café, je peux me mettre au premier rang et entendre, ingurgiter un cours magistral et faire le lien avec mon futur taf, je peux rester indignée mais pas aigrie, fatiguée, oui, oui, pas épuisée, donner, pas abandonner, ce matin, à nouveau, ce matin neuf, je peux échanger des idées avec mes camarades en pause et espérer un monde meilleur, je peux, je peux croire que moi je ferai une différence sur le terrain, je peux me dire que oui je peux.
Je peux me rappeler que je suis venue sans rien au monde, et que je ne partirai qu'avec de l'amour, le reste n'est qu'emprunt, le reste ne fait que passer, le reste, c'est presque rien.
Je peux me rappeler que la vie c'est là, là, là, là;  maintenant.
Pas plus tard.
En face à face.
Mano.
A.
Mano.
Alors je me mets au premier rang.
Le combat contre mes yeux paresseux se poursuit.
La ballade longue, qu'elle est épuisante parfois, je sens que je m'essouffle.
(Mes yeux me perdent.
Ils gagnent une partie lorsque le  maître  de la magistralité passe au petit b du grand un, ou bien l'inverse.
Mes yeux se closent.
Je pars loin, sur une petit lagune mexicaine qu'on appelle Chacahua. On y vit de poisson grillé et on surfe toute la journée. La question existentielle à Chacahua, c'est qu'il n'y en a pas. Ça repose la tête. Le dicton à Chacahua, c'est "Nada se pasa". C'est un local qui m'avait dit çà, les yeux remplis de sable et de Mezcal. J'ai bien aimé Chacahua.
Pourquoi je n'y retourne pas.)
Mais pourquoi, pourquoi, alors, je m'inflige cette vie-là.
Je me réveille et sursaute de me réveiller dans cet amphi clairsemé.
Mais à quoi ils rêvent les autres étudiants.
Mes yeux: un. Moi: zéro (en plus maintenant je vois flou).

À suivre (?)

If you're going to try, go all the way...


Je suis tombée récemment sur ces mots de Charles Bukowski, que je vous traduis ci-dessous:


If you're going to try, go all the way. Otherwise, don't even start. This could mean losing girlfriends, wives, relatives and maybe even your mind. It could mean not eating for three or four days. It could mean freezing on a park bench. It could mean jail. It could mean derision. It could mean mockery--isolation. Isolation is the gift. All the others are a test of your endurance, of how much you really want to do it. And, you'll do it, despite rejection and the worst odds. And it will be better than anything else you can imagine. If you're going to try, go all the way. There is no other feeling like that. You will be alone with the gods, and the nights will flame with fire. You will ride life straight to perfect laughter. It's the only good fight there is.” Charles Bukowski, Factotum

« Si tu dois essayer, va jusqu'au bout. Le cas échéant, ne commence même pas. Ca peut signifier que tu perdras tes copines, femmes, proches et peut-être même ta tête. Ca peut aussi signifier que tu ne vas pas manger pendant trois ou quatre jours. Ca peut signifier que tu vas te geler sur un banc. Ca peut signifier la prison. Ca peut signifier la dérision. Ca peut signifier la moquerie – l'isolation. L'isolation c'est le cadeau. Tous les autres, ce sont des tests d'endurance, d'à quel point tu veux vraiment le faire. Et, tu le feras, en dépit des rejets et des pires improbabilités. Et ce sera mieux que tout ce que tu peux imaginer. Si tu veux essayer, va jusqu'au bout. Il n'y a pas de sensation meilleure que celle-là. Tu seras seul avec les dieux, et les nuits s'enflameront de feu. Tu chevaucheras la vie dans un parfait fou rire. C'est la seule bataille qui vaille. »Charles Bukowski, Factotum

mercredi 24 octobre 2012

R.A.B. (Rien A Battre)


La procrastination (du latin pro et crastinus qui signifie « demain »1) est une tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions (qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non). Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate.*

* Source Wikipedia

J'ai envie d'ajouter à cela que les espagnols à ce sujet ont un proverbe: "Demain est le jour le plus chargé de l'année". Ils ont tout compris ces espagnols, c'est aussi eux qui disent que celui qui a le plus besoin de vacances est celui qui en revient.
Beau pays qu'est l'Espagne, qui a institutionnalisé la sieste.

jeudi 18 octobre 2012

Nique la peau lisse


Vu sur le comico de la Place des Fêtes, il y a quelques semaines ... #sisi #viensfaireuntourdansmonquartier

Cher ta"bip" la "bip"...


Écrire ce blog génère de nombreuses satisfactions.
Communiquer avec mes lecteurs en est une, j'ai fait de chouettes rencontres que je n'aurais pas pu faire ailleurs. 
Et puis un beau jour, on se dit qu'on a  influencé une vie, à notre façon.
J'ai tout de même du rectifier le nom de l'expéditeur, parce que je ne l'aime pas trop...
La preuve:

"Expéditeur: ta"bip" la "bip" <stopocons@gmail.com>
Date: 17 octobre 2012 21:43:54 UTC+02:00

Objet: faut s'arrêter!

Salut!
moi je suis de la brigade des anti-bip et qund on a vu ton bog on s'est dit u'i fallai air et TRES VITE!!
tu te kiffe trop et stp arrêtes...."

Cher ta"bip" la "bip",

Merci pour cette marque d'attention par une belle soirée d'automne que vous auriez pu occuper à tant d'autre choses... 

Je réalise qu'entre vos séances de rééducation chez l'orthophoniste, votre régime Dukan qui ne fonctionne pas, votre vacuité prolongée en raison d'un évident manque d'aspirations et d'intelligence, la vision répétée et acharnée d'émissions de télé-réalité auxquelles vous rêvez de participer tout en sachant que votre physique ingrat vous en empêche,  en somme, toutes ces petites contrariétés qui constituent votre quotidien, finalement, cher ta"bip" la "bip", je réalise que prendre le soin de faire glisser vos doigts boudinés et crasseux sur un clavier pour créer une adresse mail, admettre que votre obésité morbide peut effectivement vous autoriser à parler de vous en utilisant "on", qui vous représente bien comme vous êtes, insignifiant, indéfini, vague, et surtout, surtout, cher  ta"bip" la "bip", avoir le courage de signer de votre vrai nom, ce qui témoigne de votre volonté d'assumer enfin la profession de votre pauvre maman emportée par la syphilis (du fait de sa profession), je réalise que beaucoup se seraient découragé, mais pas vous, et bien, enfin, ce courage qui est le vôtre, ça m'inspire cette unique réponse que je vous livre: mais quelle triste et solitaire personne vous êtes.

Du fond du coeur, cher  ta"bip" la "bip", je vous souhaite tout le succès que vous méritez dans votre entreprise de "stopocons", vraiment, le monde a besoin de ce genre d'initiative pour aller mieux, pour l'intérêt général, et pour tout ce que nous avons tous en commun dans notre profonde humanité.

Merci de me lire, bien à vous!

Claire

vendredi 12 octobre 2012

SI?



Avec des "si" on mettrait Paris en bouteille.
Oui, mais sans "si", on n'aurait pas  "do, ré mi, fa sol, la".

Priorities...

When things in your life seem almost too much to handle, when 24 hours in a day are not enough, remember the mayonnaise jar and the 2 Beers.

A professor stood before his philosophy class and had some items in front of him. When the class began, he wordlessly picked up a very large and empty mayonnaise jar and proceeded to fill it with golf balls. He then asked the students if the jar was full. They agreed that it was.

The professor then picked up a box of pebbles and poured them into the jar. He shook the jar lightly. The pebbles rolled into the open areas between the golf balls. He then asked the students again if the jar was full. They agreed it was.

The professor next picked up a box of sand and poured it into the jar. Of course, the sand filled up everything else. He asked once more if the jar was full.. The students responded with a unanimous 'yes.'

The professor then produced two Beers from under the table and poured the entire contents into the jar effectively filling the empty space between the sand.The students laughed..

'Now,' said the professor as the laughter subsided, 'I want you to recognize that this jar represents your life. The golf balls are the important things---your family, your children, your health, your friends and your favorite passions---and if everything else was lost and only they remained, your life would still be full. The pebbles are the other things that matter like your job, your house and your car.. The sand is everything else---the small stuff.

'If you put the sand into the jar first,' he continued, 'there is no room for the pebbles or the golf balls. The same goes for life.

If you spend all your time and energy on the small stuff you will never have room for the things that are important to you.

Pay attention to the things that are critical to your happiness.

Spend time with your children. Spend time with your parents. Visit with grandparents. Take your spouse out to dinner. Play another 18. There will always be time to clean the house and mow the lawn.

Take care of the golf balls first---the things that really matter. Set your priorities. The rest is just sand.

One of the students raised her hand and inquired what the Beer represented. The professor smiled and said, 'I'm glad you asked.' The Beer just shows you that no matter how full your life may seem, there's always room for a couple of Beers with a friend.


author unknown -- happy to attribute if somebody knows

jeudi 4 octobre 2012

De l'importance du contexte


La dame: Bonjour monsieur je voudrais une grosse cartouche.
Le monsieur: Pas de problèmes! 30€ s'il vous plaît.
À Office Dépôt ce dialogue n'a pas le même sens que dans un salon rococo.
#justepoursituerletruc

Why not?

"Certains regardent le monde tel qu'il est en se demandant pourquoi?
Je regarde le monde tel qu'il n'est pas en me dissant: pourquoi pas?"

Une récompense à qui retrouve l'auteur de cette phrase inspirante

Salade d'automne (çà aussi çà passera)


Hâchez menu 4 tranches de saumon fumé en mode tartare vite fait bien fait.

                                       
Ecrasez une petite poignée de noix.

                           
Pendant ce temps là, mettez à dorer des pommes de terres préalablement bouillies et donc tendres, que vous poivrerez au moment où elles commenceront à chanter (psssssshhhhhhhh) et qu'elles se coloreront doucement.


Hâchez grossièrement une demie pomme et une coupez une orange en petits quartiers.


Dans un saladier, versez le tout, ajoutez 2 Société Crème que vous couperez finement à l'aide de ciseaux.
Ajoutez de la laitue Iceberg.


Vos pomme de terres sont prêtes, parce que pendant tout le temps de cette préparation, vous aurez veillé à les faire sauter régulièrement.


Voilà! Vous aurez mis une petite demie-heure max pour préparer cette cool salade que vous savourerez à deux, ou bien avec vous-même, parce que vous êtes de très bonne compagnie, pendant que la pluie tape d'automne tape contre vos carreaux.

mardi 2 octobre 2012

Cher le changement...

Cher le changement,
Il paraît que tu es maintenańt.
Mais moi je te vois pas.
Et pourtant, je te vois quand même aussi..
Cher changement, j'ai l'impression sur tu es une sorte de paradoxe.
Tu es là et puis, hop, tu n'es pas là.
Cher changement, Tupac disait que le changement n'était à son avis pas une mauvaise chose, "qu'il permettait à n'importe quel negro de s'extirper du ghetto". 
Changement, le temps de te dire et tu es déjà autre. 
Changement de sujet.

La raie

Coucou c'est moi la raie,
C'est moi la raie qui m'échappe des pantalons.
La raie des grosses dames qui mettent des pantalons taille basse quelles achètent trop petits parce quelles ont une vision déformée et optimiste de  leur corps flasques.
La raie des petits hommes  qui se prennent pour des caïds en portant bas leur baggy. Les idiots, ils ne savent pas qu'ils perpétuent un code qui vient de la communauté gay en prison. On y porte bas le baggy pour signifier à ses codétenus qu'on est disposé à se faire sodomiser.
C'est moi la petite raie qui dépasse du string, lui même dépassant du pantalon cheap.
C'est moi la raie du plombier poilu qui répare la tuyauterie.
C'est moi la raie, youpi!
Je suis enfin libre!!!

PS/ Pour info, en cherchant une image pour illustrer ce mignon flow potache, j'ai tapé "raie qui dépasse" sur le moteur de recherche d'images Google, et une photo de Luc Ferry appa-raie à la troisième ligne...

La preuve ici:
https://www.google.fr/search?q=raie+qui+d%C3%A9passe&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a&um=1&ie=UTF-8&hl=fr&tbm=isch&source=og&sa=N&tab=wi&ei=V0VrUNPIJcawhAeZ3oDIBg&biw=1280&bih=547&sei=XEVrUMaTLJS4hAeioYGwCw

Don't stop 'til you get enough





Objectivement: C'est juste un gars avec une voix aiguë. Qui dans seul devant un écran.
Objectivement: C'est le Mozart du XXème siècle.
Objectivement: Les moeurs de ce petit bonhomme étaient aussi controversées que mystérieuses.
Objectivement: Il y a toujours plusieurs versions de la même histoire.
Objectivement: N'abandonnez pas. Jusqu'à ce que ce vous en ayez assez.

mercredi 19 septembre 2012

I Love/ I Hate


I love, I hate.

Je suis de cette génération elle-même issue de la génération du Love Power. 
Tout ce qu'on en a gardé c'est cette propension à "liker", "lover" ou bien "hater".
Ce sont des superlatifs aussi affectifs qu'idiots à mon sens.
Ils contiennent même dans leur usage l'idée un peu perverse qu'on peut entretenir une relation affective aux choses, à l'heure ou l'on désinvestit les relations aux gens...
Je ne nie pas que l'on puisse entretenir ce lien aux choses, j'entends juste ici remettre les choses à leur place de choses et défaire ce nœud un peu pervers.
La perversité consiste à confondre la partie et le tout, la perversité c'est confondre la chaussure avec la dame.
Rangeons un peu ensemble, donc.
I love, I like, I hate.
Soyons réalistes.
Pourquoi ne peut-on pas être un peu plus modérés, subtils, plus gris?
Pourquoi ne pas mettre un peu d'eau dans nos vins, dans le but d'exhausser un brin le goût du débat, pour exalter la discussion et attiser le goût de la critique constructive?
À cause des tee-shirts probablement.
C'est efficace un tee-shirt I<3nyc .="." p="p">
Mais c'est con, et pas du tout réaliste.
Je sais de quoi je parle, j'ai vécu dans la ville qui ne dort jamais.
En toute subjectivité, je suis obligée  d'admettre que j'ai aimé  modérément cette ville, lorsque je m'y sentais seule et abandonnée de tous, mais qu'en dépit de ces quelques petits défauts qui la rendent maladroite et pourtant amusante, polluée, intense, vibrante, nulle part ailleurs je ne me suis sentie vivante de la sorte.
Le résumé "I love New York" ne me semble donc pas tout à fait approprié pour qualifier la ville.
Civilisation graphique de la punchline efficace.
Tenez, un autre exemple.
Je ne suis pas une fan inconditionnelle du métro et pourtant, ce moyen de transport reste le plus rapide et le moins onéreux à Paris. 
I love, I hate.
Stupides, stupides superlatifs.
Enrichissons donc un peu nos qualificatifs.
Militons sur Facebook pour qu'un bouton "Je ne suis pas indifférent à ce que tu dis et pourtant cela me débecte" apparaisse.
Graffittons sur les murs de la ville "Je n'aime que prou la manière dont les fonctionnaires de police peuvent être brutaux et dans le  même temps je serais bien heureux de les trouver si je devais être victime d'un cambriolage".
Soit, argumenterez-vous, mais c'est plus long.
Soit, vous répondrais-je.
C'est justement cela, tout l'intérêt de nuancer ses propos. 
Cela prend du temps, de la réflexion.
Ainsi je vous laisse méditer ces propos.
Merci de m'avoir lue, j'vous kiffe, j'vous like, j'vous love .


Danny Wilde is my hero


Pourquoi je kiffe "Amicalement vôtre".

J'ai eu un emploi du temps fort chargé ces dernières semaines, et la soudaine et brutale envie de me détendre facilement m'a saisie.
Je suis alors retombée sur le coffret de la culte série "Amicalement votre", vestige de l'époque ou je bossais à M6.
Alors j'ai décidé de me la faire, histoire de rire.
Force a été de constater que j'en suis devenue fan.
Voilà pourquoi: 

Il y a toujours une demoiselle en détresse.

Aussi creuse et stupide que blonde et laquée, parfois mystérieuse, elle se fait mater copieusement par nos héros comme un petit steak par des pigeons sur un trottoir de Belleville après le marché. La révolution sexuelle vient d'avoir lieu, et les femmes ont encore un long chemin à parcourir...
On est au cœur des trente glorieuses, et celles-ci, intrépides, ignorent encore leur imminent déclin.
Nos deux héros font bien la paire: un rentier de lord et un self-made-magnat du pétrole qui s'ennuient ferme. 
On a autant envie de gifler l'homme qui deviendra James Bond, l'anglais Roger Moore, que d'aller faire la chouille avec l'espiègle americainTony Curtis.

Leur duo borderline gay est fort drôle et sa dynamique n'ennuie jamais la spectatrice enthousiaste que je suis à leur égard. 

L'un est brun, l'autre blond, ils flambent et pécho tout ce qui bouge, tout en se prenant régulièrement des vestes, ils ont de l'argent à ne plus savoir quoi en faire, et évitent systématiquement les balles des méchants à leurs trousses avec un flegme et une malice imparables.

Ça brûle à tous les épisodes.

Y verra-t-on la métaphore du pétrole qui crame insouciant et inconscient de son sursis?

Le juge Fulton, leur employeur, se fout bien de leur gueule.

Mais nos deux comparses s'en arrangent bien. Leurs vies vaines deviennent tout à coup hyper intéressantes quand ils bossent pour lui.
Ils se battent tout le temps, leurs faux coups de poings font mouche -leurs adversaires s'évanouissent à tous les coups!- et les cascadeurs avaient encore du boulot.

Le scénario est aussi cousu de fil blanc qu'un épisode de Scoubidou. Et c'est ça qu'est bon. 

C'était facile les 30 glorieuses, simple, easy, pas prise de tête. 
On entrait en discothèque ( = boite de nuit) pour 10 Francs, quand on avait plus de balles dans son revolver pour tuer les méchants, on le jetait et on en trouvait un autre, quand il n'y avait plus d'essence dans la voiture, on changeait  de voiture. Les champs Elysées avaient encore des contre-allées, pour téléphoner à l'étranger on attendait 5 heures, pour voir le résultat d'une photo, on attendait que la pellicule soit développée.

La série n'a fait qu'une saison, qui n'a bien marché qu'en France, peut être parce que gros budget oblige, on est beaucoup en Europe, et ca, ça change de Hollywood!
Par ailleurs, ce succès français s'explique surtout sûrement grâce au doublage de l'excellent Michel Roux. 
Pour les amateurs de la VO, je recommande la version française, meilleure que l'originale, aussi incroyable que ça puisse paraître.
L'histoire dit qu'il fut si bon que Tony Curtis en personne vint féliciter sa française de voix pour son boulot...

Il y a de loooooooongs passages sans rien à part des gros plans sur des visage surjouant les émotions  et les paysages qui défilent. Pas de répliquent qui fussent, uniquement une contemplation narrative. Et ça repose.

À l'heure des Glee, Breaking Bad, How I met your mother, Madmen etc, etc, etc, n'oubliez pas leur ancêtres à toutes ces séries. 
C'est un classique.
Amicalement vôtre...

dimanche 16 septembre 2012

Trois


Trois.
C'est le nombre de p'tits chats dans la comptine.
Le nombre des petits cochons de l'histoire.
Trois c'est aussi le nombre d'années que dure cette formation d'EJE, cumulée avec la Licence AES.
IRTS Montrouge...
Tout un programme bien, bien, bien chargé.
En écrivant ces lignes, j'ai peine à croire que déjà, me voilà "dans la dernière ligne droite".
Toi aussi, première année, tu verras, dans deux ans, tu parleras comme un vieux con.
Trois.
3.
Trois ans.
Tu sais que ça expire, dès le premier jour, au début en signant, tu savais les termes du court contrat au départ, et tu n'as pas oublié ça, à aucun moment, tu y a pensé chaque jour, après chaque TD pénible, et les bavardages, çà alors, mais qu'est ce que vous avez à vous raconter, au fond de l'amphi, de plus intéressant que Hannah Arendt, Adam smith, Emile Durkheim, et tous ces gens, et tous ces gens avant vous?
Trois ans de papotage incessant et de débat dans ta tête aussi, étudiant.
Trois ans, trois pige de belles rencontres et de passages improbables.
Trois.
Et la méchante institution, parfois.
Qui va mal, mieux, qui ne sait pas répondre aux quetions mais qui est composée de ces supers humains, de ces jolies femmes qui font des clins d'yeux dans les couloirs, des petits gars anonymes, qui vous confient comme un secret qu'ils sont de fidèles lecteurs, des formateurs aux cheveux gris, tous vos cheveux sont gris, chers, chers formateurs, sachez-le par ailleurs.
Trois.
Des étudiants usants et qui ne savent rien, qui testent, tâtonnent, essaient, ont plein d'imagination.
Trois ans de gens qui n'ont fait que passer brièvement à certains moments.
Trois ans de gros bouquins très chiants et parfois des épiphanies au coin d'une petite phrase, comme çà, paf.
Comme un coup de foudre.
Trois ans de la formation.
De déformation ?
Pas du formatage.
Non.
De la vraie, de l'élaboration
De l'échange d'idée. 
Un gros délire.
Du lourd, de la bousculade, de la prise de/en main, du demain.
Wahou.
Dire qu'il ne me reste qu'un an.
Comment ça va me manquer le statut étudiant.
Trois.
Le nombre d'années qu'il vous reste à vous, qui entamez ce joli chemin parsemé de pleins d'aventures dans cette nouvelle formation.
Le temps de vous perdre, vous retrouver, vous questionner, tâtonner, expérimenter, hésiter, ne pas savoir, tenter, avancer et puis grandir, maturer.
Trois.
Trois, enfin, c'est un peu l'essence  notre futur  métier: on dit "faire tiers" dans nos pratiques. Remettre le cadre, être le tiers séparateur porteur de loi.
Être aussi celui qui fait le lien, qui accompagne, comme un trait d'union.
Trois.
Une belle rentrée à chacun d'entre vous.
On va beaucoup vous parler de distance pendant trois ans.
Mais ne vous y trompez pas.
Il s'agit bien, en dépit de tout, d'une relation amoureuse, à certains égards.
Une belle, une très belle rentrée à chacun de vous.

mardi 4 septembre 2012

La rentrée

La rentrée impliquerait qu'il y aurait comme une petite porte de sortie de la vie, comme si on pouvait sen échapper comme ça.
Mais point , mais point, allons.
Les vacances nous permettent juste à un moment d'aller d'un endroit à un autre, de s'oublier ou alors de faire des gommages pour n'être plus nulle part que la ou l'on est.
Mais on est, on naît. 
Toute notre vie on est.

mercredi 22 août 2012

Psychotomaton






Vous ne serez plus jamais belle sur un Psychotomaton:

Prière d'ouvrir grands vos yeux pour qu'on voit bien le fond de votre âme,
Prière de dégager votre front parce qu'on aime bien les consignes arbitraires - la photo de droite n'est pas homologuée, on ne voit pas les lignes qui traversent votre front et nous prouvant que vous êtes humaine,
Prière de glisser en une minute trente et en pièces de 20 cents la somme de 20€, cet appareil ne rend pas la monnaie,
Prière de dégager vos oreilles pour prouver que vous n'êtes pas Van Gogh et que vous ne vous les êtes pas sectionnées,
Prière de fermer la bouche parce que vous risqueriez de puer de la gueule même sur une photo,
Prière d'ôter vos lunettes, avant on les autorisait, mais çà c'était avant,
Si vous êtes un bébé, prière de vous assoir seul dans la cabine blanche et pas du tout anxiogène du Psychotomaton, et de respecter les consignes ci-dessus et ci-dessous, quand bien même vous ne les comprendriez pas, si vous ne les comprenez pas, vous représentez un potentiel danger pour la société,
Prière de NE PAS sourire,
Prière de cesser de respirer,
Prière de contracter votre anus après avoir vidé votre estomac par voie naturelle en passant dans les toilettes prévues à cet effet et attenantes à cette cabine de Psychotomaton,
Prière de ne penser à RIEN
Prière de faire cette identique tête de sociopathe à chaque fois que vous traverserez une frontière pour les dix années à venir, sans pour autant avoir l'air de transporter des bombes dans votre anus contracté, de la drogue dans votre estomac noué, des idées politiques dangereuses dans votre cerveau vide.
Lorsque vous serez prête pour prendre votre Psychotomaton, appuyez sur le bouton vert.

Votre photo n'est pas valide, vous me faites peur alors que je ne suis qu'une machine à tirer le portrait, merci de renouveler l'opération une ultime fois avant que je ne vous dénonce aux services des passeports et vous en interdisse l'usage jusqu'à la fin des temps.

vendredi 17 août 2012

Tous ces trucs que j'ai vécus avant mes 30 ans (article long...)



"La première gorgée de bière" de Philippe Delerm, les "petits plaisirs" d'Amélie Poulain, "Le sel de la vie" de Françoise Héritier...
Toutes ces listes de petits et grands kifs de la vie.
Je viens d'avoir 30 ans et j'ai décidé de dresser celle-ci, peut être pour me rassurer et me dire que j'ai bel et bien vécu ma vie, pour trouver de l'inspiration pour les 30 prochaines à venir, pour méditer tous ces instants qui se succèdent, fugacement, et qui font une vie qui passe, comme ça, en un rien de temps.
Pour ne pas oublier que le bonheur c'est maintenant.
Ou tout simplement parce que.

Relever la moustiquaire et laisser entrer une coccinelle en pensant aux bêtes à bon dieu et se demander sans en avoir la réponse, mais comme ça, juste pour laisser courir l'imagination, pour quelle espèce de raison on les appelle comme ça, , fumer une clope en cachette en écoutant Caruso pleurer furtivement, regarder une étoile brillante en se demandant si ce n'est pas un satellite, boire un pastis , ne pas oser descendre l'escalier sombre parce qu'on a peur des éventuels fantômes, découvrir un jardin caché au hasard d'une porte cochère dérobée, bouffer pendant des heures interminables et débattre en disant n'importe quoi avec ceux qu'on aime, réaliser qu'on descend de siècles et de siècles de gens qui ont ressenti ce que l'on ressent et savoir que tout ce processus se perpétue, attendre patiemment dans les gares ou les aéroports que les minutes  immobiles s'égrènent, tomber sur une photo de son grand-oncle aviateur, repenser à un baiser volé sur un toit, se souvenir de quelqu'un qu'on avait oublié et constater ébahie que cette personne poursuit sa toute autre vie, déchiffrer les graffitis, espérer qu'on retombera amoureuse, mais qu'en attendant on est bien avec soi, fêter son anniversaire en soufflant les bougies d'un gâteau qu'on vous a préparé en secret, faire rire un bébé, passer de la crème sur son corps après une bonne douche, prendre un coup de soleil, écouter "Let's get it on" de Marvin Gaye, trainer dans la chambre d'une bonne copine, pouffer avec elle en se parlant de nos aventures, s'assoir sur le trottoir à la nuit tombée, une bière à la main et refaire le monde, se faire épiler le maillot (aie, pas trop échancré s'il vous plaît), se faire fouetter par les vagues d'une mer taquine qui chahute votre petit corps, lutter contre le sommeil, perdre de la batterie et tout recharger, papoter, finir la vaisselle, écouter les grillons qui bercent la Cabro, savourer une tomate mozza basilic à midi au soleil, être seule contre la fenêtre dans le TGV et regarder le temps qui passe devant les paysages qui défilent, prêter son téléphone à une inconnue reconnaissante, regarder la valse de la vie des fourmis, souffler des bougies inattendues, tomber d'accord, argumenter, savoir qu'on ne sait pas et qu'on ne fait qu'imaginer, constater qu'il est 23:23, attendre, le cœur battant, le bruit de la voiture tant attendue et l'entendre enfin, se faufiler sur la pointe des pieds, être jolie, ce jour-la, dans les yeux d'un parfait inconnu, entendre le petit vent souffler dans les branches, sentir le soleil sur sa peau, contempler une bibliothèque pleine de Pléiade, boire un grand café et y ajouter la dose parfaite de lait, la dose parfaite de sucre, râler contre eux, ce qu'ils ont fait encore, non mais quels cons, sentir la fleur d'oranger, entendre et reconnaître au loin et avec surprise une voix familière, Écouter "Ich bin der weit abhanden gekommen" de Malher, et perdre, en effet, la trace du monde, entendre un jeune enfant pousser de petits cris sans savoir s'il doit pleurer ou rire au contact de l'eau fraîche d'une piscine, achever un long roman, regarder scintiller des paillettes que l'on a sur la peau, s'imaginer qu'on chante dans un fameux groupe de rock très fort, sentir le vent, la douce petite brise caresser sa peau tel un baiser, prendre un coup de soleil, donner un coup de poing de toutes ses forces en plein dans le visage d'un con, courir dans la neige après s'être fait prendre la main dans le frigo d'un bar en train de voler des bouteilles de vodka, puis aller planquer ce précieux butin dans la neige, courir main dans la main avec un jeune flirt pendant un blizzard new-yorkais, sentir sur sa peau les gouttes chaudes d'une mini-mousson à Ubud, Bali, apprendre la guitare sur une lagune mexicaine paumée nommée Chacaua, boire le temps, picoler jusqu'à ce qu'on en oublie ce qu'on a fait la veille et constater sur des photos qu'on s'est finalement bien tenue, régler l'addition d'un restaurant pour 20, faire un pole dance autour d'une barre de métro devant l'oeil incrédule des passagers, chanter très fort et très faux au karaoke, lire les lignes de la main de Pete Doherty, marier une amie, attendre le résultat d'un test de grossesse, se délecter de l'acidité incongrue des Frizzy Patzy, pleurer sur le port de Donostia dans une nouvelle robe blanche un jour de pluie, rattraper de justesse une amie qui menace de se jeter dans le vide parce qu'elle dit souffrir du vertige des chevaux, consoler un bébé qui pleure seulement en lui parlant et en lui disant un peu les secrets du monde, chanter fort et faux devant un miroir, faire marrer une sale entière avec un sketch qu'on a écrit, fumer un cigare en buvant un whisky, faire du secourisme, croire qu'une victime est morte et qu'elle ressuscite sous vos yeux, se baigner nue dans le   Pacifique, s'entraîner des heures au moonwalk et finir par y parvenir, présenter l'horoscope devant un million d'auditeurs sur l'émission matinale de la radio musicale la plus écoutée de France, aller boire un verre au bar du Crillon, pleurer dans un taxi et lui raconter tous ses petits malheurs, voler une bouteille de champagne dans les backstages d'un défilé de la fashionweek, squatter le parc de l'hôpital Saint Louis en mangeant un sandwich chinois, courir dans les rues après une addition basket, savoir du fond du cœur qu'on est qu'un passager, regarder la trace de son pied mouillé s'évaporer sur une dalle ensoleillée, humer avec tous ses sens les vitrines à tapas des bars de San Sabastian, flâner le long de la place Hemingway en changeant de terrasse en même temps que le soleil, parler parfaitement une langue, et de manière aléatoire d'autres, tout en se débrouillant pour se faire comprendre grâce au langage du corps, sucer un glaçon puis le croquer, élaborer une recette au hasard, la réussir ou la rater, peu importe, boire une gorgée d'eau pétillante après avoir eu très soif, se faire masser par une dame qui a vécu la vie, résoudre le Sudoku de Mickey Jeux, se faire battre au Uno par un enfant de 7 ans et dire des gros mots devant lui, scotcher une bande de scotch sur le dos d'un chat pour le regarder marcher bizarrement, regarder les Canadairs au travail, se mordre la langue au passage d'une guêpe et qu'elle parte (ah, tu vois? Ça marche!), mélanger de la truite, du Philadelphia, du citron, de l'huile et de l'avocat dans une salade et la savourer sur son balcon, couper de la lavande, faire l'amour dans une œuvre d'art de Kusama, couper soi-même ses cheveux, mettre du rouge à lèvres et être complètement habillée tout à coup, aller seule au théâtre pendant le festival d'Avignon, traduire une interview de John Turturo, Alanisse Morissette, Madonna... Constater que Lenny Kravitz a besoin d'une bonne séance de maquillage avant une interview radio (vraiment?), mais qu'il reste diablement sexy (vraiment!), couper les ponts avec quelqu'un, les reconstruire, faire une car-corrida le long du canal saint Martin, une roof party d'Halloween à New York, manger le meilleur sandwich à la viande salée du monde à Brick Lane, lire les cartes à une amie en lui conseillant de reprendre la pilule et avoir raison, vomir dans sa main après avoir bu du champagne trop chaud à Pigalle, passer des bas-fonds à la haute société en battement de cils, arrivée déguisée en chat au "Pied de Cochon" aux Halles à 3 heures du matin  après une dispute avec son amoureux et demander à ce qu'on appelle un taxi qui vous emmènera chez votre ex, se retrouver au milieu d'hommes et de femmes complètement nus à Berlin dans un sauna sans qu'il y ait la moindre ambiguïté parce que la-bas le nudisme est un acte politique (l'une des seules choses que les nazis n'ont pas réussi à interdire), prévoir d'aller à ikea le 2 septembre prochain, être acclamée par 300 personnes, faire pipi dans sa culotte, embrasser une douce peau, être déçue parce que la pub de Rice Krispies a menti, les 3 petits lutins ne sont pas sortis du bol de céréales, monter sur le toit d'une voiture, les cheveux aux vent, qui fonce sur des petites routes corses, se retrouver pieds nus à Barcelone parce qu'on a craqué ses tongs, faire un strip-tease sur le bar d'une bodega illicite pendant les ferias d'Arles, boire un Coca Cola pour la première fois, quand ça fait pschiiit et que ça pique le nez, sentir qu'en un battement de cœur, pour un battement de cœur tout une vie peut basculer, avoir une épiphanie dans un escalier en tenant son courrier habituel et juste à cause d'un rayon de soleil qui traverse la vitre, réaliser que le bonheur c'est maintenant et puis se faire tatouer cette phrase par une froide après-midi de novembre, boire trop, faire de stupides confidences, répéter un secret inavouable aux mauvaises personnes et assumer tout cela, aller au bal des pompiers de la caserne Saint Sulpice et regarder la foule endimanchée, lire les mémoires de son grand-père, résistant, prisonnier de camp, médecin de De Gaulle, sentir son sang couler dans ses veines, être vaine et acheter un bras une paire de chaussures qui ne seront portées que 3 fois, voler dans les magasins, faire un manège sous la pluie, réaliser que la seule peur que l'on a c'est que la vie ne nous apprenne rien, dresser Rodéo le rottweiller croisé berger de 50 kilos et qu'il obéisse au doigt et à l'oeil, avoir une belle-mère corse farouche mais qui finit par s'enticher de vous, courir le plus vite possible, droit devant, s'époumoner et entendre l'écho nous répondre, entendre une moto monter à 290km/h, avoir peur pour sa vie, regarder Husain Bolt gagner une course, se rappeler par cœur d'une tirade d'"On ne badine pas avec l'amour" de Musset, flâner devant les étals au marché, plaisanter avec les commerçants, déguster leurs produits du terroir, lire et relire les phrases oniriques des romans d'Haruki Murakami, imaginer un tatouage qu'on voudrait se faire sur le corps, se perdre de vertige dans les peintures de William Turner, se demander ce qu'on ferait si c'était le dernier jour de la Terre et des Humains, enfiler une nouvelle robe, acheter de stupides magazines en été juste à cause du tee-shirt offert dedans, regarder avec attention l'étal du poissonnier,  conduire de manière intrépide une fois que la peur est passée, mettre du Weleda relaxant à la lavande dans son bain, prendre une photo avec ses copines, aller au bal du 15 août en province, projeter une journée à la plage avec des gens qu'on aime, s'entendre répondre "merci" parce qu'on vient de dire à une petite Lucie qu'on est enchantée de la rencontrer, avoir une copine qui s'appelle Violette et qui roule ses clopes, entendre Anthony Hopkins dire dans "360" que la prière la plus courte c'est "fuck it" et rire en se disant qu'il a tellement raison, se vernir de violet les ongles des pieds lorsqu'ils sont bronzés, sentir au milieu de la foule, le regard d'un bébé rieur, regarder une crêpe cuire sur la plaque de la caravane d'une femme aux bras qui ont travaillé toute leur vie, faire l'appoint pile poil au centime près, savoir que le serveur ou bien que le médecin suit notre cas de près, regarder un hotdog se faire sous tes yeux a Manhattan, admirer un vendeur de Taco à Huaxaca t'executer son tour de magie culinaire sur le pouce pour une poignée de pesos, regarder une femme enceinte engloutir une gaufre à la chantilly, se faufiler finement entre deux tables et soutenir les regards jaloux des femmes plus âgées, et les regards concupiscents de leurs époux, danser debout sur un bar devant une foule enivrée et rigolarde, prendre un bain de minuit, boire de "l'eau qui pique", récupérer trop de monnaie au distributeur à boisson, savoir que jeunesse passe et en profiter, tout donner à la vie éphémère, saisir la fugacité des instants et les mettre dans des petites boîtes dans son cœur et dans sa tête, pour plus tard, écrire une carte postale, faire des blagues dans la salle d'attente des urgences et se marrer comme une baleine, regarder le sourire énigmatique de la Joconde, trainer dans la salle des icônes du Metropolitan, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, faire l'amour, se perdre dans les petites allées chaotiques d'un cimetière anglais, tartiner de beurre salé une biscotte qui ne se casse pas,  passer entre ses dents du fil dentaire et en retirer une miette gênante, éternuer, entendre enfin appeler son nom après une longue attente, lire Pennac parler de "merveilleuse défaite" pour qualifier sa branlette dans son "Journal d'un corps", faire les cinq tibétains sur la pelouse au bord d'une piscine ensoleillée, aller à Trinquetaille, à Tribeca, à Roquette, à Mitte, à Muztec, a Gili Trawangan, a la cité universitaire de Nankin, à Primrose Hill, à Las Ramblas, à Lumio, aux jardins Majorelle, écouter le silence d'une église au soleil, se parler seul à soi-même, pour soi-même, en soi-même, observer le ressac de l'eau osciller entre suspension et précipitation , saisir l'éternité dans une seconde, apprendre la maladie probablement incurable d'un proche et continuer à faire de stupides blagues avec lui en se tordant de rire, réaliser à ce moment-la qu'il vaut mieux peut être bouddhiste, qu'on vit et qu'on meure et qu'il vaut mieux bien s'amuser en attendant, qu'il ne faut pas trop prendre la vie au sérieux puisque de toutes façons on n'en sort jamais vivant, boire un soda frais à la paille, faire des tests médicaux et en attendre nerveusement les résultats, apprendre que ces derniers sont tout à fait corrects, se dire oh, mais j'ai une tête, deux bras, deux jambes, je peux aller ou je veux librement, je vais bien, j'irai toujours bien car je suis avec moi, savoir et ne plus en douter que le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant , le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant, le bonheur c'est maintenant.
Le.
Bonheur.
C'est.
Maintenant.