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mercredi 19 septembre 2012

I Love/ I Hate


I love, I hate.

Je suis de cette génération elle-même issue de la génération du Love Power. 
Tout ce qu'on en a gardé c'est cette propension à "liker", "lover" ou bien "hater".
Ce sont des superlatifs aussi affectifs qu'idiots à mon sens.
Ils contiennent même dans leur usage l'idée un peu perverse qu'on peut entretenir une relation affective aux choses, à l'heure ou l'on désinvestit les relations aux gens...
Je ne nie pas que l'on puisse entretenir ce lien aux choses, j'entends juste ici remettre les choses à leur place de choses et défaire ce nœud un peu pervers.
La perversité consiste à confondre la partie et le tout, la perversité c'est confondre la chaussure avec la dame.
Rangeons un peu ensemble, donc.
I love, I like, I hate.
Soyons réalistes.
Pourquoi ne peut-on pas être un peu plus modérés, subtils, plus gris?
Pourquoi ne pas mettre un peu d'eau dans nos vins, dans le but d'exhausser un brin le goût du débat, pour exalter la discussion et attiser le goût de la critique constructive?
À cause des tee-shirts probablement.
C'est efficace un tee-shirt I<3nyc .="." p="p">
Mais c'est con, et pas du tout réaliste.
Je sais de quoi je parle, j'ai vécu dans la ville qui ne dort jamais.
En toute subjectivité, je suis obligée  d'admettre que j'ai aimé  modérément cette ville, lorsque je m'y sentais seule et abandonnée de tous, mais qu'en dépit de ces quelques petits défauts qui la rendent maladroite et pourtant amusante, polluée, intense, vibrante, nulle part ailleurs je ne me suis sentie vivante de la sorte.
Le résumé "I love New York" ne me semble donc pas tout à fait approprié pour qualifier la ville.
Civilisation graphique de la punchline efficace.
Tenez, un autre exemple.
Je ne suis pas une fan inconditionnelle du métro et pourtant, ce moyen de transport reste le plus rapide et le moins onéreux à Paris. 
I love, I hate.
Stupides, stupides superlatifs.
Enrichissons donc un peu nos qualificatifs.
Militons sur Facebook pour qu'un bouton "Je ne suis pas indifférent à ce que tu dis et pourtant cela me débecte" apparaisse.
Graffittons sur les murs de la ville "Je n'aime que prou la manière dont les fonctionnaires de police peuvent être brutaux et dans le  même temps je serais bien heureux de les trouver si je devais être victime d'un cambriolage".
Soit, argumenterez-vous, mais c'est plus long.
Soit, vous répondrais-je.
C'est justement cela, tout l'intérêt de nuancer ses propos. 
Cela prend du temps, de la réflexion.
Ainsi je vous laisse méditer ces propos.
Merci de m'avoir lue, j'vous kiffe, j'vous like, j'vous love .