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samedi 10 novembre 2012

Les dérègles de l'art



2006.
Mon amoureux de l'époque a pour père le curateur du château d'Oiron.
Dans lequel est exposé une installation de Kusama.
Un cube un peu comme un container de peut être 8 mètres cubes.
L'artiste a apposé des miroirs au parois.
Le plafond et le sol sont bâchés de noir.
Des lumières de couleurs sont suspendus un peu partout.
Au sol, de l'eau.
Il m'embrasse.
Nous sommes seuls.
Il ferme la porte.
Le reste nous regarde.
Enfin , nous croyons.
Lorsque nous quittons les lieux, nous réalisions qu'une caméra de surveillance -dont l'écran de contrôle se trouve dans le bureau de beau-papa- nous scrutait.
Je ne saurai jamais si quelqu'un regardait l'écran.
Pour le reste, c'est entre Kusama et nous.

2012.
Je taf au 104 et mes collègues et moi, on s'entend plutôt très bien.
Elles m'ont fait la surprise de me prendre une place au concert de M.
Nous nous faufilons a l'after-show parce que nous partageons cette joie subtile du resquillage.
En ce moment, l'œuvre "I Am Free" de Moataz Nazr est exposée.
Il s'agit d'un mur vertical d'environ 10 mètres de haut, duquel partent deux escaliers se rejoignant en pyramide.
Au sommet de la pyramide, deux ailes (d'ange?) noires, surplombées d'un néon bleu.
Le néon dit: I Am Free.
Nous buvons des demis.
L'envie de courir -vraiment courir- tout en haut des escaliers me prend.
Alors je le fais.
Je dévale les escaliers jusqu'à leur sommet. Dit-on revale, lorsqu'il s'agit d'une cavalcade vers le haut?
La foule sortant de l'after-show applaudit ma performance, m'encourage, j'entends un "Elle, elle est complètement freeeee!"
Je ne m'y attendais pas.
Je suis une petite conne et je suis galvanisée.
Triomphante, je lève les bras pour symboliser ma liberté.
Je descends.
Ma bravade est terminée.
Les hommes de la sécurité ne sont pas franchement contents, mais pas rancuniers non plus, ils rient sous cape de mon insolence.