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mardi 24 novembre 2009

Amina et moi

Amina est une camarade que je me suis faite au cours de mon échange étudiant à New York.
On y a fait les 400 coups ensembles lorsque nous étions jeunes et sauvages, mais le temps est passé, et nous nous sommes un peu apaisées.
Son travail est visible sur:

www.aminanolan.com

Elle est devenue photographe et était de passage à Paris ce week-end, ce qui nous a donné l'occasion de rire un brin.

Je préviens d'office ma petite camarade que ma CB est bloquée, et qu'il va donc falloir qu'elle se montre généreuse -on se connaît bien, ce genre de petits tracas n'en n'est pas un quand on a des amis compréhensifs, et que bien sûr, la roue tourne et que vous saurez leur renvoyer la pareille...

Rendez-vous est fixé au Dôme, une brasserie du Marais que je ne vous recommande pas, puisque qu'on vous y sert des pintes à 10,20 Euros.

http://www.pagesjaunes.fr/trouverlesprofessionnels/rechercheClassique.do;jsessionid=C6046E8FD7B7BE93218C4899A9B43A06.yas01f

L'occasion de rencontrer Caroline, une franco-anglaise sylphide et blonde, timide et sympathique, Chris, un anglais grande gueule et tapageur et Graham, un photographe sud-africain quarantenaire.

Après quelques verres, nous décidons de filer dîner à l'Ave Maria, un petit restaurant magique au coeur du 11ème.
On y paie en cash et ils ne prennent pas de réservations, alors si vous arrivez un peu tôt et que vous êtes chanceux, ou alors que vous avez envie pour patienter en terrasse d'une carafe de cocktail déglingo, fruité mais traître, vous serez le roi du pétrole.
La carte est surprenante et copieuse, une spéciale mention au "terrifiant destin d'Amélie Poulain".
Tous les plats sont copieux et variés, riches et gais.

http://www.fra.cityvox.fr/bars-et-boites_paris/ave-maria_38325/Profil-Lieu

Puis on décide de filer en taxi vers "Chez Moune", à Pigalle.
Ancien bar à gouines, c'est maintenant un club branchouille mais loin d'être insupportable, où la jeunesse se trémousse sur de l'électro-rock sympatoche.
Chris est maintenant complètement saoul, et énerve la serveuse, qui finit par lui servir les shots de tequilla et les coupes de champagne qu'il a commandées en le traitant comme du poisson pourri.

Je ne comprends pas vraiment l'origine de la dispute, mais accepte la coupe qu'il me tend.
A ce stade de la soirée, je ne suis plus vraiment une femme libérée puisque ce sont les garçons qui paient pour ce que nous buvons.
J'avoue que ma fierté m'interdit ce genre de tribulations d'habitude, mais en réalité, Chris se targue de gagner des millions par an -d'ailleurs son arrogance m'exaspère, mais Graham, plus humble, m'explique qu'il vit à moitié sur sa péniche à Bastille, à Biarritz et en Afrique du Sud, grâce à l'argent de ses photos.
Au moins, ils ne sont pas condescendants, justes galants "à l'ancienne", il leur paraît donc normal de régler la note, et je dois admettre que ce n'est pas si désagréable.

Le féminisme se place où il faut.
Je développerai ce sujet plus tard...

Quoiqu'il en soit, je tape aussi la discussion avec Mehdi, physio ironique et intelligent du club -un jeune gars brillant qui cumule les jobs et enchaîne les trois huits, sans amertume, avec ténacité et foi en l'avenir -c'est l'apanage de ma génération après tout.

Puis mes petits camarades décident qu'il est tard, mais qu'ils ont encore un petit creux.

On attend donc un taxi sur les trottoirs pigallois en discertant avec des cailleras locales, avec qui Amina échange des lunettes de Kanye West contre un bonnet.

A 5 dans le taxi, on finit pas atterrir au bar d'un hôtel quatre étoiles à Palais Royal.
Je ne peux malheureusement pas en donner l'adresse, puisque je en m'en souviens pas.
Tout ce que je sais, c'est qu'après avoir suivi un dédale de couloir moquetté, de portes vitrés et de lumières tamisées et cossues, calfeutrées, nous sommes autorisés à fumer dans le salon, où nous discutons autour de clubs sandwiches et de Carlsberg tout en tapant des fous rires avec -le peu- des clients de l'hôtel encore éveillés à cette heure tardive...

Enfin, aux petites heures du jours, nos trois amis anglais regagnent la péniche bastillaise du photographe, et les Converse mouillées d'Amina et moi rentrons à pied rentrons vers mon appartement du 10ème.

Le temps de rire encore un peu, sous la pluie froide, et de toiser la vie par la nuit.