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jeudi 3 juin 2010

Paris je t'aime


Paris tes égouts c'est mon sang, ta pollution mon oxygène, ton métro, Paris, ce sont mes artères, mon érotisme est à Pigalle, ma tête est au Panthéon et mes jeux le long du canal Saint Martin, Paris, Paris ma vision est à Montmartre, mon nez au coeur d'une des nombreuses cuisines de tes restos raffinés ou pas, ma frénésie, Paris est sur tes Champs Elysées, où j'adore déambuler comme si j'étais étrangère, et rue de Belleville ou Château d'Eau et Barbès, où là, c'est sûr, je suis étrangère et tout de même citoyenne de ce bout de monde, place Sainte-Marthe, place Sainte Catherine, place Monge et rue de la Folie Méricourt, Paris Paris, je deviens une vieille dame de La Muette à Jasmin, je reprends mes esprits à Bibliothèque François Mitterrand mais rien ne va plus, les jeux sont faits à Bourse, alors je chante à Opéra et je voyage à Bercy, et puis après je m'encanaille à la Butte aux Cailles, comme partout en toi, ma ville, je m'en fiche des touristes, ils font bien partie du jeu, Paris Paris, toi tu es mon amie, et tant mieux si tout le monde y vient, Paris, parce que tu murmures une truc différent à chacun de nous.

Paris, ce que tu as pu me rendre triste par le passé, et comme je t'aime maintenant, parce que Paris Paris, qu'on y passe ou qu'on y reste, Paris, tu restes, tu es fidele et immuable, tu flottes, Paris mais tu ne coules pas.

Paris je t'aime dès qu'il fait beau et quand il pleut ce petit crachin aussi, et au moment des arc-en-ciel et également quand il neige, Paris quand je suis avec toi je ne suis jamais seule, et j'ai beau te connaître par coeur, je te découvre encore au détour d'une côte, d'une cour, derrière un buisson, devant un monument ou sous un escalier caché.

Tes habitants prétentieux me scrutent, mais dès que je leur sourie, ils deviennent mes meilleurs amis, et me font des blagues, ta flicaille, Paris et tes agents RATP, Paris tes taxis qui devraient nous gouverner Paris, les japonais qui prennent les vitrines en photo, Paris musée, c'est pas vrai, Paris ville vive, et tes SDF qui puent mais qui sont si drôles, et tes enfants qui crient dans le métro bondé, les heures de pointes et les bouchons du périph' de Paris, et tes escalators, Paris, et ces changements interminables à Saint-Lazarre ou Montparnasse, tes ponts improbables, tes péniches sur lesquelles on se saoule pour trop cher, et la coupole en verre du Grand Palais, Paris, qui me rend aussi heureuse qu'une gosse à qui on aurait offert son premier Banana Split.

Tes terrasses qui se bondent au premier rayon de soleil, et tes shootings de pétasses de mannequins et de la stupide hype, au bord de la Seine qui accueille aussi tous tes bateaux mouches, tes crottes de chiens dans les caniveaux et les clopes, partout, les pervenches et tes jolies filles, oh, Paris, ce qu'elles sont belles tes femmes, et les beaux gosses qui les regardent sous leurs verres teintés, Paris, tes boloss de banlieue, qui viennent foutre la merde à Bastille le samedi soir, et tes manif' étudiantes, Paris, comme un rituel, tes petits asiatiques et tes gros américains, Paris, tes pakpaks, tous ces gens de goût et complètement dépassés par toi et qui scrutent, hagards, leurs cartes, tes concerts, Paris, tes batailles de boules de neige aux Buttes Chaumont ou au Luxembourg et aux Tuileries, et tes pique-niques au Père Lachaise, aux Invalides et au jardin sauvage de Montmartre, les premiers coups de soleil rose crevette qu'on prend à la Vilette, Paris, tes rues piétonnes, les cinoches en solo et les loyers exorbitants avec ou sans vis-à-vis, ton ciel, Paris, ton ciel et tes nuages, Paris, et tes jardins secrets, et tous tes parcs, et tous tes putains de putains de musées.

Paris, ton arrogance, tes stupides bobos et ta coolitude, et ta façon de crâner, tes putes âgées rue Saint Denis et chinoises sur le boulevard de Strasbourg, tes rabatteurs à cheveux, tes turcs, tes amoureux, Paris, tes cadenas du pont des Arts et tes ménageries, tes cités du 20ème, Paris, ghetto style, rien à foutre, et ta baguette de pain, et tes tickets restos, ah, Paris, ta tour Eiffel, qui n'aurait même pas du être là et puis qui est restée, et qui s'allume et qui trône et qui se demande bien ce qu'elle fout mais qui assume, comme une impératrice.

Paris je t'aime, toi et tes parisiens.