Riche mécène, lecteur inspiré, tu peux t'offrir la joie de me faire un don.

dimanche 5 septembre 2010

Il faut bien que jeunesse se fasse.



Lorsque j'avais 17 ans, je me prenais pour un bonhomme tout en portant des fleurs dans les cheveux et des petits colliers trop serrés autour du cou, je criais au lieu de parler, parce que probablement, j'avais le sentiment que le monde n'avait aucune envie de m'écouter, et puis je passais le BAC et je tombais amoureuse d'un jeune con qui m'a laissé des petits désagréments gynécologiques.

A19 ans, je me suis injustement vengée sur un tendre et innocent jeune homme de cinq ans mon aîné, tout en tournant des publicités pour des sodas sucrés ou contre l'alcool, pff, quand j'avais 19 ans, je vivais avec un garçon tout en appréhendant le quotidien ménager, j'avais aussi un énorme chien du nom de Rodéo, qui n'écoutais personne, ni rien, à part moi, parfois.

A 22 ans, je suis partie vivre à New York, me suis re-brisé le coeur, j'ai monté un groupe de rock qui n'a jamais vu le jour et j'ai monté 44 étages, tous les jours pour aller bosser à MTV, je n'ai pas monté les marches de Cannes, où pourtant j'étais conviée parce que je montrais mes seins dans un court-métrage d'art et d'essai de qualité, je suis descendue bien bas aussi, parce que trop de fêtes vous font perdre la tête dans la ville qui ne dort jamais, et puis je suis remontée en avion, rentrée à la maison et embrassé mes proches.

A 24 ans, je montais sur les toits divers et variés, pour danser et pour chanter, j'écrivais un roman et pas réconciliée avec Paris, j'ai décidé de vivre une parenthèse londonienne.

Un an plus tard j'animais l'horoscope à la radio, en y espérant un contrat qui n'est jamais venu, pendant une seconde je traduisais l'interview de Lenny Kravitz dans la luxueuse  et sexy suite de ce dernier, puis la seconde suivante j'étais bloquée entre un ivrogne et une femme laide à la station Barbès; cette année-là, j'ai également skié et j'ai cru que je perdais complètement foi en tout, l'espace d'un moment.

A 23 ans, je lisais les lignes de la main de Peter Doherty, dans sa caravane pendant un festival, tout en me disputant avec mon petit ami d'alors.

A 20 ans, j'entendais des voix tout en évitant les accidents de voitures.

Chaque année, ou presque, j'ai raté mon permis de conduire.

A 27 ans, je me suis dit il faut que tout cela cesse, alors j'ai mis toute ma vie en jeopardy, j'ai tout mis en vrac et puis j'ai décidé de dire oui à tout même et surtout à ce qui ne me tentait que moyennement. J'ai commencé le secourisme et un club de rire et puis les scènes ouvertes, et aussi les études, j'ai décidé de bosser avec des tout petits et j'ai lâché la colère, et essayé de commencer l'humilité.

J'ai eu 28 ans il y a un mois.

Et je réalise que lorsque j'étais plus jeune, je mangeais des gâteaux qui impliquaient du sel, du chocolat et du whisky, mais que je suis encore capable de le faire, mais quand j'étais jeune je n'étais pas fidèle et j'avais peur, quand j'étais plus jeune, j'étais terrifiée, et je ne choisissais pas nécessairement avec discernement, quand j'étais jeune je fonçais parce que j'avais peur de m'arrêter et de voir, quand j'étais plus jeune je ne faisais pas attention aux gens, et j'étais butée, péremptoire, quand j'étais plus jeune je parlais si fort, oh, et puis en fait peut-être que les choses n'ont pas tellement changé mais moi je me dis, au fond, tout çà est derrière moi, tout çà est bien , et j'en suis fière, je suis une sorte de vin, finalement, et les choses vont plutôt très bien, il faut bien que jeunesse se fasse.