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jeudi 16 septembre 2010

Le cadeau collectif

Je suis née un 2 Août.

C'est tellement au coeur de l'été que depuis toute petite, même mes parents et mes très proches oublient régulièrement mon anniversaire.

Ca fait quelques années que çà ne m'affecte pas plus que çà, au contraire, j'ai même du coup pris plutôt le parti de fêter mon anniversaire avec des gens éclectiques dans les endroits les plus improbables possibles, comme une station service ou le toit le plus haut perché de la Balagne en Corse -cette année j'ai bien essayé de m'incruster dans la cabine du pilote de mon avion indonésien, en vain, fichu nine eleven.

Quoi qu'il en soit, je ne connaitrais probablement jamais l'effet surprise party ou autre cadeau collectif, le dernier en date consistant en la cotisation de deux proches petites camarades pour financer un gode en forme de dauphin.

Mes amis ont le sens de l'humour, moi aussi.

Toutefois, chaque année et à périodes fixes, CA revient.

C'est d'ailleurs souvent en Septembre et en Mars.

A croire que tout le monde a décidé de faire des bébés en même temps.

Un vrai truc relou.

Qui m'irrite à fond.

LE mail.

"Salut, mes BFF (entendre ici Bests Friends Forever) Ouais, c'est mon anniversaire, viens viens, trop bien, ouais!"

Trop bien, je me dis, youpi, cool cool, j'adore faire des fêtes.

Et bien souvent, on vous adresse vers un resto caché, où une destination improbable, mais des endroits toujours riches à découvrir.

OK, je suis pour la découverte et les célébrations, et puis finalement l'amour ne s'achète pas, quand on aime on ne compte pas, bla bla bli bla bla.

Fêter l'existence de mon ami mérite bien une escalope à la tomate dans un incongru restaurant qui me servira toujours de référence pour une quelconque escapade plus tard.

Ce n'est pas çà qui m'énerve, non, c'est ce qui suit, là, celui-ci, attention, il arrive:

LE courrier, celui qui vient peu de temps après.

Celui-là même, l'objet de cet article, finalement, et celui-là, il a tendance à me vénère, comme on dit dans le jargon.

Parce que scrogneugneu, c'est le vrai et officiel BFF de ton bien-aimé camarade sus-mentionné, et ce petit coquin te demande du fric pour un cadeau que tu n'as aucune envie d'acheter. Et il ne le fait pas de façon gentille, non, il te force la main, comme on force les gens à donner de l'argent à l'église.

Cadeau que ledit camarade ne t'a jamais fait lui-même. Je sais, quand on aime on ne compte pas, mais la plupart du temps, il s'agit de quelqu'un qui ne t'a jamais fêté ta propre naissance , qui n'a jamais notifié la possibilité même que ta bien-aimée Maman aie pu, un beau jour, te mettre au monde.

(D'ailleurs, en passant, et d'où cette parenthèse, j'ai connu un homme qui offrait des fleurs à sa maman ce jour-là, pas pour son anniversaire à elle, non, pour son anniversaire à lui. J'ai trouvé çà mignon, me suis promise de le faire un jour).

Bref, et là deux solutions au mail horripilant: ou bien tu fais la sourde oreille, genre "je n'ai pas eu le mail lalala" parce que tu es fauché et que ta présence seule, c'est déjà pas mal, ou encore parce que tu désapprouves le choix de ce cadeau en particulier, qui heurte tes convictions personnelles, soit, seconde option, tu raques, en silence, parce que finalement ton petit camarade tu ne le connais pas et que tu es bien content que quelqu'un se dévoue pour réfléchir à un cadeau à ta place.

Je n'aime pas les cadeaux collectifs.

Le pire moment c'est celui de la remise.

Ce moment où tout le monde agit comme à une cérémonie des Oscars, et que ton petit camarade anniversairé remercie tout le monde à chaudes larmes.

Lorsque tu n'as pas participé, tu te sens un peu imposteur.
Quand tu as participé , c'est borderline condescendant, parce que d'un coup, t'as l'impression que tes 5 Euros ont payé la paix dans le monde.

Je n'aime guère les cadeaux collectifs.

Et puis ce dédain, cette incompréhension que tu lis dans l'oeil du meilleur BFF, comme si tu étais un Taliban de l'anniversaire et que tu avais highjacké la fête, juste parce que tu as refusé de lui donner ce petit billet, qui somme toute ne vaut pas grand chose, et pourtant, symboliquement, vaut tant.

Résistance, mes amis imaginatifs, reprenez vos coquillages et vos nouilles pour en faire des cendriers et des colliers estampillés, écrivez des poèmes, mais diantre, refusez cette dictature du cadeau collectif, non, écrivez des chansons, prenez les anniversairés dans vos bras, soyez les premiers à les célébrer, mis ne cédez pas aux sirènes du cadeau collectif, résistez en créativité.

Non au cadeau collectif.

PS IMPORTANT: Cela étant, et que les choses soient claires, je suis super pour s'il s'agit de financer un voyage, ou un vrai truc gros et fou; je suis contre le chantage ou prise d'otage amical, sous-entendu "SVP donnez 150 Euros par tête pour le sac Vivian Westwood de Cécile, ou bien tout le monde te fera la gueule, FOREvEr.

Naturellement, éclairé(e)s readers, vous aviez capté.