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mercredi 22 septembre 2010

La rentrée en classe



J'ai été malheureuse à l'école.

Ca a commencé en 4ème.
Avant çà, j'étais suffisamment futée pour boire les paroles des -rares -stimulants professeurs de l'Education Nationale, et pour donner le change auprès des autres.

A partir de la 4ème, l'adolescente rebelle qui sommeillait en moi s'est réveillée, et tout ce que j'ai appris au cours des années qui ont suivi, c'est l'école de la vie qui me l'a enseigné (oh la, on dirait les paroles d'un mauvais rap, restez avec moi, prenez patience, çà s'améliore..)

Je n'étais donc plus allée à l'école depuis un bail.
Y retourner a été le fruit d'une mûre réflexion.
Pendant plusieurs années, j'ai d'abord rejoint le monde merveilleux du marché du travail, dans ce cadre, je me suis retrouvée dans l'univers encore plus merveilleux de l'audiovisuel.
Pourtant, au bout de quelques années et quelques pays, je me suis réveillée avec un triste constat par un beau matin:

Ce que je faisais n'avait pas de sens.

Mais le showbiz c'est sexy sur le papier.
En réalité, dans la pratique je me disais, à la fin de la journée et en me regardant dans la glace: "Ce que tu fais n'a pas de sens, tu ne rends pas le monde meilleur et çà va à l'encontre de tes convictions."
Parce que dans les prestigieuses chaînes TV et radio où j'ai travaillé, pour réussir, et surtout en tant que fille, il faut ou bien écraser une rivale plus âgée que toi en te faisant payer moins cher, ou bien écraser une rivale en couchant avec le N+1 à sa place.

Je caricature un peu, mais à peine.

Alors j'ai tout envoyé balader et puis j'ai cherché longtemps, et un peu partout, j'ai enquêté, je me suis trompé, j'ai appris de mes erreurs, en ai refait d'autres, j'ai gratté là où çà faisait mal, j'ai demandé, rencontré, perdu, pas su, cerné, tâtonné, couru, ralenti, j'ai marché, j'ai lâché, puis j'ai repris, trié…

Et puis le fruit de mes réflexions s'est finalement révélé comme une évidence.

Me voilà donc aujourd'hui en première année à l'IRTS de Montrouge, en tant qu'étudiante Educatrice de Jeunes Enfants.

Avec le but, à terme, de monter ma structure de Petite Enfance: "quand on ouvre une école on ferme une prison" (çà, par exemple, je l'ai entendu aujourd'hui en cours).

Je suis donc allée m'acheter une trousse et un cahier, et puis j'ai annoncé çà à mon entourage -à 28 ans, repartir à l'école pour 3 ans, ce n'est pas tout à fait anodin.

J'ai bien eu droit à deux ou trois réactions condescendantes du type:

- "Ah bon, mais çà n'a rien à voir avec ce que tu faisais" 
( - Les carrières dans la même et unique voie, c'était pour les baby-boomers, non?)

- "Ah, du social?" 
(- Oui, oui, le social c'est ingrat, c'est les miséreux, berk!)

Mais moi, tout ce que je sais, c'est que dorénavant, et tous les matins, et tous les soirs, tout mon parcours prend sens.

Parce que je vais travailler avec des gens, pour des gens, en cohérence avec tout ce que je suis.

Et pour les trois prochaines années, je vais apprendre tout un tas de choses et ce dans le plaisir, parce que je sais pourquoi je suis là -bon peut-être aussi que parfois, ce sera chiant, mais jusqu'ici, tout va bien…

Je suis un terrain vierge, ou plutôt en friche, j'étais en jachère, et l'école va me fournir la pioche, la pelle, le tracteur, les engrais pour faire fructifier mes envies, mon projet, mes chemins.

Dorénavant, et tous les matins, et tous les soirs, tout mon parcours a un sens.

Mon enthousiasme risque bien, peut-être, de me faire ressembler à cette fille un peu bêcheuse, qui lève toujours le doigt au premier rang, moi je sais, moi, moi, mais qui puis-je, j'adore les sujets abordés, çà me passionne, et j'apprends des trucs nouveaux tous les jours sur un sujet qui me passionne: l'humain!

Alors, oui, pardon, je vais être pimbêche, surligner mes feuilles de cours et soulever des débats interminables avec mes enseignants, tout en essuyant mes lunettes, mais diantre, ce qu'elle m'apprend cette école, et çà fait du bien d'utiliser à nouveau sa matière grise. 

Je suis heureuse de retourner à l'école.

Parce que dorénavant, et tous les matins, et tous les soirs, tout mon parcours a un sens.